Communiqué
Séance du 7 mai 2002

Sur les cellules souches embryonnaires humaines en médecine « régénératrice »

MOTS-CLÉS : cellule souche. médecine reproduction.. structures embryonnaires
On the use of human embryonic stem cells in regenerative medical activity
KEY-WORDS : embryonic structures. reproductive medicine.. stem cells

Denys PELLERIN

Communiquécellule souche, médecine reproduction., structures embryonnairesOn the use of human embryonic stem cells in regenerative medical activityembryonic structures, reproductive medicine., stem cellsD. Pellerin

 

COMMUNIQUÉ

Sur les cellules souches embryonnaires humaines en médecine « régénératrice »

On the use of human embryonic stem cells in regenerative medical activity

Denys PELLERIN Sous l’égide de l’Académie des sciences, de l’Académie nationale de médecine et de la Royal Academy of medical sciences du Royaume-Uni s’est tenu à l’Institut de France, du 25 au 27 mars 2002, un très intéressant colloque sur Les cellules souches embryonnaires et la thérapie cellulaire.

La dernière séance, qui se tenait, le 27 mars à l’Académie nationale de médecine sous la présidence du Pr Maurice Tubiana, se proposait, à la lumière de l’état d’avancement des recherches, de faire le point sur l’aspect médical actuel, dans notre pays, des applications déjà possibles ou escomptées des travaux expérimentaux, de confirmer ce qui est déjà une réalité de la médecine régénératrice, de relativiser ce qui n’est encore qu’un espoir et exigera encore une longue phase expérimentale avant toute application réellement médicale, c’est-à-dire thérapeutique.

Au terme de ce colloque, l’Académie nationale de médecine — rappelle qu’elle a déjà défini, en 1996, 1998 et 2001, sa position sur la médecine de l’embryon et a souligné la nécessité de développer les recherches dans ce domaine pour élucider les échecs de la procréation naturelle et améliorer les résultats de l’assistance médicale à la procréation ;

— renouvelle l’expression de son opposition au clonage à visée de procréation ;

— définit aujourd’hui les quatre principes qui devraient conduire à une nouvelle médecine régénératrice à partir des cellules souches embryonnaires humaines :

• l’Académie a toujours encouragé l’utilisation thérapeutique des cellules souches extraites d’organismes adultes et fœtaux ;

• avant tout essai thérapeutique, des études expérimentales sur des modèles animaux sont nécessaires pour connaître les capacités de prolifération, de différenciation, d’éventuelles instabilités génétiques et transformations malignes des cellules souches embryonnaires ;

• au-delà de ces premiers travaux, les mêmes études pourraient être reprises sur les lignées cellulaires obtenues à partir de blastocystes humains , qui ne font plus l’objet de projet parental, sous réserve de l’accord des progéniteurs et de l’autorisation de l’autorité habilitée à les contrôler, ces blastocystes étant destinés, dans les conditions législatives actuelles, à la destruction ;

• pour les recherches utilisant les cellules souches obtenues par transfert intra-ovocytaire d’un noyau somatique , l’Académie n’exprime pas d’opposition de principe, à condition que les règles de surveillance soient les mêmes que pour les lignées cellulaires dérivées des blastocystes humains. Cette méthode paraît capable d’obtenir des cellules douées d’un grand potentiel de prolifération et de différenciation, cellules qui semblent, à ce jour, les seules à être génétiquement et immunologiquement identiques à celles de l’organisme receveur. Cependant, il s’agit là de données théoriques dont la réalité n’a pas encore été démontrée expérimentalement. Il est important de développer les recherches dans ce domaine. Il est également indispensable d’étudier les moyens d’éviter que ces techniques ne puissent être utilisées en vue d’un clonage à visée procréatrice. Il faudrait aussi prendre des dispositions pour éviter toute dérive liée au recueil d’ovocytes nécessaires à une telle recherche.

L’ensemble de ces problèmes continue à poser de difficiles interrogations éthiques à l’égard desquelles l’Académie nationale de médecine restera attentive.

Il en sera de même pour les aspects réglementaires qui peuvent être sensiblement différents au sein même des Etats membres de l’Union européenne.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 7 mai 2002, a adopté le texte de ce communiqué (6 abstentions).

Bull. Acad. Natle Méd., 2002, 186, no 5, 913-914, séance du 7 mai 2002