Rapport
Session of 24 juin 2003

Sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, telle qu’elle se présente à l’émergence, l’eau du captage « Carnot » après transport à distance l’eau des captages « Carnot », « Louise », et « Aubignat », et après mélange sous le nom de « Châtel » l’eau de ces trois captages situés sur la commune de Châtel-Guyon (Puy de Dôme).

MOTS-CLÉS : châtel-guyon (puy-de-dôme). eau minéralisée. source aubignat. source carnot. source chatel.. source louise
KEY-WORDS : mineral waters.

Claude Molina

RAPPORT au nom de la Commission XI (Climatisme-Thermalisme-Eaux minérales) sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, telle qu’elle se présente à l’émergence, l’eau du captage « Carnot », après transport à distance l’eau des captages « Carnot », « Louise », et « Aubignat » et après mélange sous le nom de « Châtel » l’eau de ces trois captages situés sur la commune de Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme).

Report on demand of authorization to use at the origin and after transport the mineral water coming from three sources of the Spa station of Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme)

Claude MOLINA Historique :

Les sources thermales de Châtel-Guyon, connues depuis le e XIX siècle pour le traitement d’affections digestives, urinaires, gynécologiques, fournissent une eau minérale chloro-bicarbonatée sodique, calcique et magnésienne, utilisée sous forme de traitements locaux et de boissons sur prescription médicale.

Parmi les 9 sources exploitées, les autorisations datent :

— pour la source « Louise », de 1892 et pour une durée illimitée ;

— pour la source « Aubignat », de 1973 pour une durée de 30 ans.

Dans ces deux cas, l’obturation des captages par des dépôts carbonatés a nécessité un recaptage en 1987 et 1988 et une demande de renouvellement d’autorisation d’exploitation.

Pour la source « Carnot », l’autorisation date de 1928, mais un recaptage s’est avéré indispensable pour des raisons techniques (profondeur insuffisante et local inaccessible au forage) et réalisé en 1988 et 1992. Pour les trois sources mentionnées, les rapports de la DRIRE (1994), de la DDASS et du CDH (Conseil Départemental d’Hygiène) (1995), émettent un avis favorable , compte tenu de :

— l’amélioration du débit permettant une meilleure utilisation de l’eau ;

— l’utilisation d’un nouveau type d’échangeur pour la production d’eau chaude (au lieu de la simple injection de vapeur d’eau comme précédemment).

L’arrêté préfectoral d’octobre 1995 accorde donc le renouvellement de l’exploitation.

Etat actuel du Dossier :

La Direction Générale de la Santé sollicite, par courrier reçu le 11 Avril 2003, l’avis de l’Académie nationale de médecine selon l’arrêté du 28 Mars 1957 modifié.

Cette demande fait suite au rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) du 31 Mars 2003, lui-même consécutif au rapport du Comité d’Experts spécialisés « Eaux », en date du 7 Janvier 2003.

Il ressort de ces différentes études les points suivants :

Captage :

Le forage « Carnot », d’une profondeur actuelle de 101 m, permet un débit d’eau de 60m3 et les travaux effectués en assurent la protection de façon satisfaisante.

Les forages « Louise » et « Aubignat » ont fait l’objet de travaux importants et ont un débit respectif de 60 et 50 m3.

Température : Elle est de l’ordre de 36° à l’émergence pour les 3 captages et relativement stable.

Transport :

Les établissements thermaux sont alimentés indifféremment par chacun des ces trois forages ou par le mélange des trois appelé « Châtel » et le transport s’effectue par des canalisations en PVC, en acier inoxydable ou en acier au carbone. La similitude de composition des eaux de ces trois captages permet d’obtenir un mélange de composition semblable, quelles que soient les proportions respectives des deux ou trois d’entre elles.

Analyses réglementaires :

Bactériologiques : Les prélèvements effectués à l’émergence, après transport à distance et après mélange des 3 captages (4/10/99 et 15/04/2000) n’ont pas mis en évidence de contamination bactériologique de l’eau (bien qu’une analyse du 4/10/99 ait montré la présence tout à fait fortuite d’une UFC de Pseudomonas dans sa variété Burkholderia cepacia ) .

Physico-chimiques : Il s’agit d’une eau fortement minéralisée, (résidu sec à 180o 1500mg/l) avec présence surtout d’arsenic (150 µg/l) et de bore (1,7 mg/l). Les analyses réalisées à l’émergence, après transport à distance et après mélange montrent une stabilité des constantes physicochimiques Radioactivité : L’OPRI signale la présence dans l’eau des trois captages, de K naturel, d’uranium, de radium 226 et 228, la dose résultante de trois semaines de cure, avec consommation moyenne de 7,5 l est estimée à 0,02 mSv (inférieure donc à la dose de 0,10 mSv fixée par l’AFSSA comme référence de la qualité radiologique des eaux livrées à la consommation).

Conclusions :

— L’eau du captage « Carnot » répond aux critères applicables aux eaux minérales naturelles à l’émergence.

— Les installations de transport ne modifient pas les caractéristiques physicochimiques des eaux des trois captages : « Carnot », « Louise », « Aubignat » et leur similitude de composition et de température permettent leur exploitation après transport à distance, ainsi que le mélange en toutes proportions, connu sous le nom de « Châtel ».

— La teneur en arsenic et en bore, ainsi que la radioactivité naturelle de ces eaux doit imposer leur utilisation en traitements locaux et leur consommation uniquement sur prescription médicale, dans le cadre d’une cure thermale (en évitant toute distribution du mélange en buvette publique).

Compte tenu de ces remarques, la Commission XI (Climatisme-Thermalisme-Eaux minérales), réunie le 20 Mai 2003 sous la présidence du Professeur Boudène donne un avis favorable à la demande d’exploitation pré- citée.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 24 juin 2003, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité.

Le rapport, dans son intégralité, peut être consulté sur le site www.academie-medecine.fr

Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, n° 6, 1187-1190, séance du 24 juin 2003