Communication scientifique
Séance du 12 janvier 2016

Situation actuelle et perspectives du dépistage et du traitement curatif des hépatites B et C en France

MOTS-CLÉS : Antiviraux. Carcinome hépatocellulaire. Hépatite. Hépatite C. Hépatite chronique ; Cirrhose du foie. Interféron alpha. Virus de l’hépatite B
KEY-WORDS : Antiviral Agents. Carcinoma, Hepatocellula. Chronic hepatitis. Cirrhosis. Hepatitis. Hepatitis B virus. Hepatitis C virus. Interferon-alpha

Anne LAURAIN *, Stanislas POL *

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

En 20 ans, les progrès dans la connaissance des hépatites virales ont été considérables. L’alphabet des virus hépatotropes s’est élargi, et aux virus A et B se sont ajoutés les virus C, D, E et G dont les génomes ont été caractérisés, permettant de définir différents types, sous-types ou isolats, dont l’importance en termes de physiopathologie et de réponse aux traitements antiviraux a été récemment établie. Les connaissances épidémiologiques, virologiques et thérapeutiques en matière d’hépatites virales n’ont cessé de croître, permettant aujourd’hui de mieux prendre en charge de manière diagnostique et thérapeutique des sujets ayant une hépatite aiguë ou chronique. L’identification de marqueurs « chronologiques » des infections virales hépatotropes permet d’informer mieux les patients en termes non seulement pronostiques, mais aussi en terme de réponse thérapeutique, si un traitement antiviral est indiqué. Enfin, l’identification des facteurs associés à la progression de la fibrose jusqu’à la cirrhose dans les infections chroniques hépatotropes permet de mettre en place les meilleurs traitements prophylactiques (abstinence d’alcool, correction des déficits immunitaires) et d’anticiper les traitements antiviraux. Les progrès en matière de transplantation hépatique et de thérapeutiques antivirales pour limiter l’impact de la récidive virale sur le greffon ont permis d’optimiser le pronostic médiocre des cirrhoses virales actives et du carcinome hépatocellulaire. Pour le VHB comme pour le VHC, environ la moitié des sujets infectés en France connaissent leur statut. La séroprévalence est estimée en France à 0,65 % pour l’hépatite B et à 0,84 % pour l’hépatite C. L’accès au traitement est facile et couvert à 100 %. Les analogues nucléos(t)idiques de deuxième génération permettent une virosuppression virale B chez tous les patients observants mais doivent être poursuivis à vie, contrairement à l’interféron dont une cure de 48 semaines permet environ un tiers de virosuppression durable et 10 % de perte de l’Ag HBs. L’infection par le VHC peut être guérie par des combinaisons d’antiviraux oraux dans plus de 95 % des cas : les manifestations hépatiques et extra-hépatiques sont majoritairement réversibles en cas de guérison virologique.

Summary

In twenty years, significant progress was made in the knowledge of viral hepatitis. Alphabet of hepatotropic viruses has extended, andC,D, E andGviruses have been added to hepatitis A and B viruses ; their genomes have been characterized, allowing defining various types, subtypes and isolates with different pathological and therapeutic implications. Our knowledge regarding the epidemiology, virology and treatment of viral hepatitis is in constant evolution, allowing a better diagnostic and therapeutic approach of patients with acute and chronic hepatitis.Markers of infection and early viral kinetics provide important prognostic and therapeutic information to determine the best moment for the treatment of acute and chronic B (HBV) or C (HCV) viral hepatitis. Finally, the improved definition of risk factors for fibrosis progression to cirrhosis in chronic hepatitis may lead to preventive therapies (alcohol withdrawal, treatment of immune deficiencies) and early antiviral treatments. Progresses in liver transplantation and in the treatment of viral recurrence post-transplantation, improved prognosis of cirrhosis and small hepatocellular carcinomas. For HBV and HCV, around half of french infected patients are aware of their infection (seroprevalence of 0.65 %and 0.84 %of the adult population respectively) ; access to care is easy and completly covered by the social security. Second generation-nucleos(t)idic analogues allow HBV viral suppression in all the adherent patients but have to be maintained for the whole life, by contrast with interferon which a 48 weeks course achieve sustained viral virosuppression in one third of patients, including 10 %of HBs Ag loss. HCV infection may be cured by the combination of oral direct acting antivirals in more than 95 %: hepatic and extra-hepatic manifestations are mainly reversible when a sustained virologic response corresponding to a viral cure is achieved.

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* Département d’Hépatologie, Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg Saint-Jacques, 75014 Paris, France ; Université Paris Descartes ; Inserm U-818 et UMS20, Institut Pasteur.

Bull. Acad. Natle Méd., 2016, 200, no 1, 47-58, séance du 12 janvier 2016