Publié le 27 mars 2018

Conférence invitée

 

L’art difficile de la réforme de l’État : le cas emblématique de la politique de santé par Alain CORDIER ancien membre du Collège de la Haute Autorité de Santé

 

Devant les questions actuelles sur la santé, la réponse ne doit pas être un simple constat (groupes de travail et rapports) mais la recherche d’une bonne méthode avec des solutions concrètes.

Le diagnostic principal est celui de la nécessité du partage des informations devenues si denses en raison des progrès médicaux, du vieillissement de la population, du poids des pathologies chroniques (qui représentent plus de ¾ des dépenses), et des polypathologies. La perte d’autonomie conduit à un recours durable à de nombreux professionnels de santé avec une insuffisance de coordination entre eux. Mieux soigner, c’est intervenir avec compétence au bon moment ; il faut le décloisonnement entre, par exemple, le curatif et le palliatif. Grâce à une meilleure communication entre professionnels de la santé, les moyens supplémentaires (économie) sont là.

Décloisonnement aussi entre les lieux et les exercices : d’où l’importance de la mise en œuvre de parcours de soins empreints de qualité et d’efficacité.

Ce décloisonnement doit changer le mode opératoire :

  • donner un sens aux activités médicales. Le sens c’est parler de la médecine, des soins, des accompagnements éthiques ;
  • imprimer du pragmatisme dans l’action. Une réforme c’est l’efficacité dans le choix et la mise en œuvre des priorités : « au-delà de 3 à 5 priorités, il n’y a plus de priorités ». Penser à des mesures concrètes, d’apparence peut être anodine mais faciles à mettre en route.

Pour cela, cinq leviers :

  1. Formation pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle pour apprendre à travailler ensemble ;
  2. Importance de soins de premier recours (primaire), base du parcours de soins (urgence) ;
  3. Discernement pour des soins appropriés : prise en compte des innovations (= ATU pour les médicaments) ; optimisation de la Recherche en santé publique (par exemple évaluation, en cas de fracture du col du fémur, de l’influence du délai entre fracture et traitement) ;
  4. Meilleure transmission de l’information : messagerie sécurisée Dossier Médical Partagé, télémédecine, avec ses impératifs d’accompagnement humain
  5. Valorisation de l’acte de chirurgie, des urgences et reconsidération des modalités des tarifs hospitaliers

Gouverner autrement n’est plus une option mais une nécessité. Cette nouvelle gouvernance doit reposer sur trois grands principes :

 

  • La subsidiarité : inverser la confiance entre le professionnel et le malade. En particulier dans l’ambulatoire ; ce qui est possible si on tient compte des déterminants de santé ;
  • La transversalité : décloisonnement, nécessité des dossiers de sortie, utilisation de la base SIRAM (sans doute la banque de données médicales la plus fournie au monde) notamment pour l’évaluation des effets indésirables ;
  • La communication entre professionnels de santé : repérer les convergences et comprendre les divergences

Conclusion : Il existe deux vulnérabilités, celle du malade et celle du soignant, or c’est cette vulnérabilité qui révèle l’humain.

 

 

 

Présentation du rapport

Retour à la vie « normale » après traitement d’un cancer par Richard VILLET, au nom de la commission III (cancérologie)

La prise en charge de l’ « Après Cancer » est une étape indispensable du parcours de soins en cancérologie, aussi l’Académie nationale de médecine recommande :

  1. Une adaptation régulière des règles du « droit à l’oubli », gérées par la convention tripartite entre pouvoirs publics, professionnels de la banque et assureurs, aux paramètres de plus en plus précis du pronostic des cancers et un soutien fort à toutes les initiatives de retour à l’emploi.
  2. Une proposition de préservation de la fertilité adaptée au type de cancer, à l’âge et aux risques d’infertilité liés aux traitements et une évaluation en cancérologie des résultats en termes de grossesses, des méthodes de préservation des gamètes, et surtout de la pulpe testiculaire et du tissu ovarien, en particulier avant la puberté.
  3. Une évaluation psychologique des patients dès leur prise en charge qui permettra de leur expliquer de façon éclairée les conséquences physiques et sexuelles des traitements et dirigera le suivi pendant et après le traitement.

 

Séance dédiée

 

Cette séance était consacrée à des présentations faites par des membres correspondants de la 4ème division (Santé publique).

 

Impact de l’organisation des soins en périnatalité par Gérard BREART, maternité de Port-Royal Paris, INSERM U1153

En périnatalité, l’organisation des soins est un élément primordial à envisager pour le maintien de trois objectifs importants, à savoir la sécurité maternelle, la sécurité néonatale et les soins appropriés. Des plans successifs ont amené à penser une organisation en réseau, mettant en place des maternités de trois niveaux. En effet, toute maternité doit faire partie d’un réseau périnatal organisé au niveau territorial, comprenant au moins un établissement de type III. Cette exigence a eu des conséquences à la fois sur le lieu d’accouchement, la distance, la durée de séjour et les interventions. Toutefois, la modification organisationnelle n’a pas abouti à des modifications optimales sur la prise en charge et les résultats. La France occupe encore un rang moyen en Europe, sur les indicateurs retenus, avec une prévention insuffisante.

 

Organisation de la réponse médicale aux grandes catastrophes par Pierre CARLI, SAMU de Paris, Hôpital Necker Enfants Malades, APHP

Les grandes catastrophes ont un impact majeur dans nos sociétés. Précisément, l’organisation médicale en situation sanitaire exceptionnelle est un défi perpétuel pour le système de soins et les services d’urgence. Effectivement, la réponse médicale apportée doit être adaptable et évolutive en fonction de critères à la fois médicaux et éthiques. Il est impératif d’adapter les techniques de soins pour la mise en œuvre stratégique d’une couverture multi-sites, tout en s’adaptant à l’évolution de la crise. Le Plan AMAVI est une déclinaison du Plan Blanc hospitalier réglementaire pour adapter au mieux la structure générale de la réponse médicale à un fort afflux de victimes. En effet, le dispositif d’Organisation de la Réponse du Système de Santé (ORSAN) conjugué au plan AMAVI permet d’apporter un accompagnement médical adéquat, facteur de résilience.

 

Maladie d’Alzheimer – actualités thérapeutiques et conséquences pratiques par Bruno DUBOIS Centre des Maladies Cognitives et Comportementales, Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, UMR-S975; UPMC – Paris 6, Hôpital de la Salpêtrière, APHP

Des médicaments agissant sur la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer peuvent être utilisés. Ils paraissent sans impact sur la maladie évoluée et les symptômes, mais agissent sur les lésions. Le changement majeur serait alors une prise en charge très précoce, favorisée par la découverte de biomarqueurs permettant le diagnostic in vivo à un état préclinique. Cela pose de nombreuses questions quant à la recherche clinique sur les biomarqueurs, tant au niveau des personnes à prendre en charge, qu’à celui de la stratégie médicamenteuse à envisager.

 

Les médecins à diplômes hors Union Européenne de 2007 à 2016 – impact dans l’offre de soins en France et perspectives par Dominique  BERTRAND

Les médecins à diplôme hors Union Européenne peuvent exercer en plein exercice sous condition d’avoir satisfait à la procédure d’autorisation d’exercice, PAE, créée en 2007. Cette procédure comprend trois listes d’inscription. La liste A est destinée à tout médecin ayant l’autorisation d’exercice dans son pays ; la liste B est quant à elle destinée aux médecins réfugiés politiques ; et la liste C est faite pour les médecins exerçant déjà en France et pouvant (devant) être régularisés. La liste A est un concours très sélectif, la liste B est un examen ainsi que la liste C. L’effectif le plus nombreux (élevé) est celui de la liste C. Entre 2007 et 2016, ils représentent plus de 10% des inscriptions au Tableau de l’Ordre. Une loi est absolument nécessaire pour prévoir un mécanisme d’autorisation d’exercice pour la liste C, les modalités anciennes étant devenues caduques.