Published 23 September 2020

Communications

« Damage control orthopédique de guerre » des lésions des membres. Réflexions sur l’expérience du Service de Santé des Armées français, par Sylvain RIGAL (Service d’orthopédie traumatologie et chirurgie réparatrice des membres, hôpital d’instruction des armées Percy, Clamart, France)

Extension du concept de « damage control »  chirurgical, le damage control orthopédique (DCO) a été initialement développé pour limiter l’agression chirurgicale chez les polytraumatisés instables. L’objectif est d’éviter la triade létale (acidose, hypothermie, coagulopathie) par une stabilisation rapide des fractures au moyen d’un fixateur externe qui sera relayé de façon précoce par une ostéosynthèse interne. Ce principe de fixation externe temporaire a ensuite été appliqué à la prise en charge de traumatismes isolés mais sévères des membres ne pouvant être traités de façon idéale en urgence : fractures avec lésion artérielle nécessitant une réparation vasculaire, fractures épiphysaires avec souffrance cutanée et traumatismes étagés des membres. Les autres circonstances d’application du DCO sont liées au contexte sanitaire, lorsque les moyens chirurgicaux de la structure d’accueil sont limités ou qu’il existe un afflux de blessés saturant qui impose  un damage control collectif. Pour ces raisons, le DCO s’impose souvent dans la prise en charge des traumatismes balistiques des membres, et est quasiment obligatoire en pratique militaire pour laquelle on décrit un DCO de guerre. La stabilisation temporaire s’intègre alors dans une stratégie globale visant à sauver la vie en stoppant l’hémorragie, à sauver le membre en levant l’ischémie, et à préserver la fonction en évitant l’infection et le syndrome compartimental. Le transfert le plus rapide possible du blessé stabilisé vers un hôpital spécialisé est crucial. Le choix du mode de fixation définitive, interne ou externe, se fera secondairement en fonction du segment osseux considéré, de la gravité des lésions des parties molles et de la survenue d’éventuelles complications infectieuses.

 

 

 

Les considérables progrès de la santé environnementale : enjeux et défis pour la prévention en santé publique, par Yves LEVI (Université Paris Saclay, Faculté de Pharmacie, UMR 8079, CNRS, AgroParisTech, Chatenay-Malabry)

La santé environnementale n’est pas la santé de l’environnement mais traite des impacts de la qualité de l’environnement sur la santé publique. Les rapports entre les dangers de l’environnement (physiques, chimiques, biologiques) et les maladies humaines sont beaucoup mieux révélés, décrits et chiffrés et se confirment d’importance majeure. Les très grands progrès accomplis dans les méthodes analytiques prouvent la grande diversité des dangers chimiques auxquels l’Homme est exposé. Ceci se confronte aux difficultés à en mesurer les effets afin de permettre de quantifier les risques. Au niveau international et en France, les grands organismes sanitaires ont intégré cette problématique et des plans nationaux sur ce sujet sont développés. Les grands thèmes que sont « Une santé » (One health) et la mesure de l’« exposome » sont fédérateurs et porteurs d’ambitions. Les alertes sanitaires se multiplient et les citoyens exigent des informations précises sur les risques pour leur santé. C’est pourquoi les professionnels de la santé doivent prendre conscience des avancées de cette problématique et pour cela être mieux formés en matière de risques liés aux expositions environnementales. Les pressions sur l’environnement, donc sur l’humain, associées aux changements climatiques, aux croissances urbaines, à la pollution atmosphérique ou la multi- exposition chimique sont quelques-unes des contributions significatives aux maladies qu’il ne faut plus ignorer.

 

Pour une prise en charge préventive de la maladie d’Alzheimer, par Bruno DUBOIS (Centre des Maladies Cognitives et Comportementales et Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer (IM2A), Hôpital de la Salpêtrière, APHP. Centre National de Référence des « Démences Rares »)

Les démences, et la maladie d’Alzheimer (MA) en particulier, vont devenir de plus en plus un enjeu de santé publique. Trois données importantes peuvent modifier le poids de ces pathologies : 1) chez les jeunes adultes, de simples mesures d’hygiène de vie (contrôle de facteurs de risque vasculaire, activité physique et stimulation cognitive) ont un impact favorable sur un déclin cognitif ultérieur ; 2) chez des sujets âgés à risque, ces mêmes dispositions retardent l’entrée dans la maladie; 3) enfin et pour la première fois, un anticorps anti-amyloïde aurait montré un effet significatif sur l’évolution de la MA chez des patients au stade débutant. Il est donc essentiel de développer une offre de soins permettant d’agir sur la maladie le plus tôt possible, fondée sur : i) des algorithmes prédictifs pour déterminer chez les sujets sans symptômes spécifiques ceux qui seront à risque de développer une pathologie dégénérative ; ii) le renforcement des activités de prévention dans les 450 centres mémoire de proximité disponibles en France et les 26 CM2R (centres mémoire de ressources et de recherche) ; iii) la transformation de quelques centres experts en cliniques de prévention de la démence avec les objectifs suivants : tester les mesures de prévention, initier des programmes d’éducation thérapeutique multi-domaine et les valider, répondre à la demande de sujets inquiets en déterminant, à l’aide des algorithmes, le niveau de risque qu’ils ont de déclarer une MA. On pourra ainsi se préparer à faire bénéficier précocement les uns et les autres des traitements pharmacologiques susceptibles d’exister.