Published 14 January 2020

Conférence

Les journaux médicaux scientifiques en langue française face aux défis du XXIe siècle par Ollivier LACCOURREYE (Membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine ; Université de Paris, Service d’Otorhinolaryngologie et de Chirurgie Cervico-faciale, HEGP, APHP ; Rédacteur en Chef des European Annals of Otorhinolaryngology Head & Neck Diseases).

L’évolution de la rédaction d’un article scientifique depuis la fin du XXème siècle jointe à la transformation concomitante de la presse médicale scientifique font que les journaux médicaux scientifiques en langue française sont à la croisée des chemins. Il convient de prendre en compte qu’en 2019, sur les 250 revues médicales scientifiques françaises ne recourant qu’à la langue française, le facteur d’impact est inférieur à 1 pour 10 revues et inexistant chez les 240 autres ; pour les 50 revues utilisant l’anglais ce facteur d’impact s’établit entre 1 et 6. Ces revues en langue française exclusive maintiendront-elles leur statut de revues scientifiques ? Evolueront-t-elles vers des organes de formation, de vulgarisation, de liaison entre membres de sociétés médicales voire d’information dédiée à l’aide à la prise de décision en santé publique ? En les positionnant sur deux mondes, le bilinguisme français-anglais semble leur procurer une place incontournable au sein de la recherche scientifique du XXIe siècle, sans limiter leurs missions. Cette voie, qui participe au maintien de l’enseignement médical de haut niveau en langue française et à la promotion de la Francophonie, n’est pas sans écueils avec le virage vers l’accès libre, le développement des « preprints », l’apparition des plates-formes institutionnelles, et les initiatives vertueuses pour une science ouverte. Faciliter le processus de traduction représente, sans nul doute, un facteur déterminant pour le succès de cette évolution vers le bilinguisme.

 

Communications

La biopsie liquide : alternative ou complément à la biopsie tissulaire ? par Patrice DEBRÉ, Raymond ARDAILLOU et Francis GALIBERT, au nom de la commission I (Biologie – Génétique – Technologies biomédicales)

La biopsie liquide est définie comme le prélèvement d’un échantillon de sang ou d’un autre liquide biologique suivi de l’analyse des cellules anormales circulantes, des microvésicules (exosomes) libérées par ces cellules ou les tissus et des acides nucléiques libres circulants (ADN, ARN messager, micro ARN). Elle permet d’effectuer un ensemble de tests visant à détecter des mutations somatiques traduisant la présence d’un cancer ou, chez la femme enceinte, des mutations de l’ADN fœtal. En cancérologie, malgré de très nombreux travaux de recherche cherchant à évaluer la réponse au traitement, à adapter celui-ci lors des résistances à la chimiothérapie, et à détecter une maladie résiduelle faisant prévoir une rechute, cette technique n’a pas permis, sauf dans quelques cas particuliers, d’en faire un test de routine et la biopsie tissulaire reste indispensable.

 

Spécificités de la sclérose en plaques chez les maghrébins : rôle des facteurs environnementaux et génétiques par Riadh GOUIDER (Service de Neurologie et LR 18SP03, CHU Razi, La Mannouba, Tunisie et Faculté de Médecine de Tunis-Université de Tunis el Manar)

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire chronique du système nerveux central d’étiologie auto-immune dont l’expression clinique est très variable d’un sujet à l’autre. L’épidémiologie et la présentation de la SEP ont connu des modifications remarquables au cours des dernières décennies notamment dans les pays du Maghreb. Une augmentation de la prévalence et de l’incidence surtout chez la femme a été notée. Une sévérité particulière de la maladie a été décrite chez les patients d’origine maghrébine par rapport aux Caucasiens. Dans des études récentes, la progression du handicap, comparée entre les patients vivant en Afrique du Nord, les immigrants nord-africains et les Caucasiens, était plus sévère chez les patients d’origine nord-africaine. En outre, la sévérité de la maladie chez les Nord-Africains vivant en France, en particulier chez ceux de la deuxième génération, a été démontrée. Au cours des dix dernières années, les chercheurs ont validé de nombreux facteurs génétiques et environnementaux qui augmentent la susceptibilité à cette maladie. Ainsi, l’allèle HLA DRB1 * 15: 01 a été associé à un risque plus important de développer la maladie, et des facteurs tels que l’infection par le virus de l’Epstein-Barr, le tabagisme, et l’alimentation ont été associés au phénotype de la maladie. L’hétérogénéité clinique pourrait donc résulter d’interactions gène-environnement. Des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’effet des facteurs environnementaux et génétiques sur la sclérose en plaques dans les pays du Maghreb, afin de mieux comprendre les mécanismes en cause et de proposer des stratégies préventives sous ces latitudes.