Publié le 15 mai 2019

Séance dédiée : « Neuroradiologie pédiatrique »

Organisateur : Francis BRUNELLE

 

Imagerie du développement et de la maturation du cerveau du nouveau-né par Maria I. ARGYROPOULOU (Neurologie pédiatrique, Université de Ioannina, Grèce)

Avec l’amélioration des soins intensifs en néonatologie, il y a une augmentation de la survie des nouveau-nés à haut risque. Ces enfants présentent une morbidité élevée avec des séquelles neurologiques allant des troubles cognitifs à la paralysie cérébrale. Le rôle de l’imagerie est très important pour détecter les lésions le plus tôt possible. Les techniques de choix pour évaluer le cerveau du nouveau-né sont  l’échographie transfontanellaire (ETF) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM). L’image du cerveau normal change avec l’âge et dépend du degré  de développement et de maturation de la myéline. En période périnatale  et surtout chez l’enfant prématuré les modifications cérébrales sont très importantes, liées  aux différents processus  comme la migration neuronale, la synaptogénèse, l’arborisation axonale, la myélinisation et la gyration. Comparée à l’IRM, l’ETF est moins sensible pour détecter ces modifications et, chez le prématuré comparé à l’enfant né à terme, elle montre un cerveau plus lisse avec des noyaux gris centraux plus échogènes.  L’IRM  avec des séquences classiques en pondération T1 et T2, et surtout avec l’imagerie de diffusion  offre non seulement de l’information morphologique mais, aussi de l’information microstructurale concernant la migration neuronale et la myélinisation. A partir des donnés de l’imagerie de diffusion, l’IRM offre la possibilité d’étudier la connectivité structurale   tandis que   l’imagerie fonctionnelle de repos ( resting state) permet de mettre en évidence les réseaux fonctionnels du cerveau. Au total l’ETF est l’examen morphologique de base et l’IRM fournit des  informations  supplémentaires sur la microstructure et la fonction du cerveau. Ces explorations permettent aussi de mieux comprendre la nature et la cause des retards cognitifs observés plus tard, d’établir un pronostic et d’adapter les thérapeutiques dont la prise en charge rééducative.

 

 

Syndrome du bébé secoué (SBS). Aspects épidémiologiques, cliniques et imagerie moderne par Catherine ADAMSBAUM (Université Paris Sud, AP-HP, CHU Bicêtre, Service de Radiologie Pédiatrique)

Ce syndrome (SBS), qui atteint surtout le nourrisson âgé de moins de 8 mois, est la principale cause de mortalité et de morbidité au cours de la maltraitance du jeune enfant. Le mécanisme causal est un secouement violent, souvent répété dans le temps. Les présentations cliniques sont variées, aiguës ou froides. Le diagnostic repose sur des arguments anamnestiques (histoire fluctuante ou incohérente), cliniques, ophtalmologiques et radiologiques. La recherche exhaustive d’autres lésions traumatiques, concomitantes ou antérieures (ecchymoses, lésions endobuccales, fractures…), est systématique. Le secouement entraîne des ruptures des veines-ponts, responsables d’un hématome sous-dural caractéristique, multifocal, diffus et prédominant au vertex. Le scanner cérébral en urgence permet le diagnostic de SBS. L’IRM est utile pour l’analyse fine du parenchyme cérébral et des veines-ponts rompues. Le principal diagnostic différentiel de SBS, dès lors que des ruptures de veines ponts sont présentes, est le traumatisme accidentel à haute énergie cinétique. La datation des lésions relève de l’expertise médico-légale. La simple évocation du diagnostic de maltraitance doit conduire à l’hospitalisation immédiate de l’enfant dans un but de protection et pour la réalisation du bilan complet en imagerie : scanner cérébral complété si possible par une IRM, radiographies de haute définition de l’ensemble du squelette, échographie abdominale recommandée en France. Tous les enfants de moins de 2 ans et ayant le même mode de garde que le cas index doivent être explorés de la même façon. Pour les enfants de plus de 2 ans il n’y a pas de recommandations mais, en pratique, le bilan complet est souvent effectué.

Accident vasculaire cérébral de l’enfant : Epidémiologie, filières de prise en charge et spécificités pédiatriques par Manoëlle KOSSOROTOF (Centre national de référence de l’AVC de l’enfant) France APHP Hôpital Universitaire Necker Enfants-malades, Inserm U894, Paris

Chaque année en France, un millier d’enfants ont un AVC, soit environ 1% de l’ensemble des nouveaux AVC. L’AVC de l’enfant représente une pathologie grave puisqu’aux conséquences importantes, sur les plans moteur, cognitif, scolaire et social. Les délais diagnostiques chez l’enfant sont aujourd’hui le frein majeur à l’optimisation de la prise en charge et à l’éligibilité aux traitements de recanalisation de phase aiguë. La mise en place de protocoles d’« alerte AVC enfant » sur le modèle de ceux de l’adulte est un facteur majeur d’amélioration de cette prise en charge à la phase aiguë, nécessitant une collaboration entre les différents acteurs pré-hospitaliers et hospitaliers, pédiatriques et d’adultes. Régulation pré-hospitalière, accès direct à l’imagerie et formation des personnels permettent de mettre en place les traitements de phase aiguë telles que la thrombolyse et/ ou la thrombectomie mécanique. Au-delà des premières heures, le suivi de ces enfants est crucial car l’enfant récupère différemment de l’adulte et des séquelles peuvent « apparaître » à distance avec l’augmentation de la charge cognitive ou scolaire. La prise en charge rééducative est donc pluridisciplinaire, ajustée aux besoins et projets de l’enfant et de sa famille, et réévaluée régulièrement. Le défi actuel est l’évaluation des différentes approches de rééducation, notamment motrice, via des processus de recherche médicale formalisés afin de développer et prioriser les techniques de rééducation utiles et validées.

AVC de l’enfant, imagerie diagnostique et interventionnelle par Olivier NAGGARA (Service de Neuroradiologie, CH Sainte Anne, GHU-Paris, Paris)

 L’accident vasculaire cérébral (AVC) pédiatrique affecte un millier d’enfants chaque année en France. Les objectifs de l’imagerie, l’IRM étant l’examen de phase aiguë à privilégier, sont d’établir un diagnostic précoce de l’existence et de la nature des lésions du parenchyme cérébral, de fournir une information précise sur l’état des structures artérielles, mais aussi de la perfusion cérébrale, afin de proposer la meilleure attitude thérapeutique. En cas d’AVC ischémique, faute d’essais thérapeutiques dédiés, le traitement recommandé chez l’adulte est souvent adapté chez l’enfant. Il peut comporter, jusque 24H après le début des symptômes, sur des critères d’imagerie précis et après une discussion pluridisciplinaire au cas par cas, l’extraction percutanée du thrombus occlusif  (thrombectomie mécanique) d’une artère proximale. L’imagerie interventionnelle (neuroradiologie interventionnelle, NRI) doit également pouvoir proposer des solutions.

Évènement rare, l’AVC de l’enfant reste mal reconnu des spécialistes de l’urgence pédiatrique. L’imagerie, privilégiant l’IRM, doit s’intégrer dans une filière en plein développement « Alerte AVC », sur le modèle développé en population adulte, afin de permettre un diagnostic précoce et l’identification des indications de traitement spécifiques. Ces traitements incluent l’imagerie interventionnelle à visée de recanalisation artérielle dans l’AVC ischémique ou d’embolisation de malformations vasculaires rompues dans l’AVC hémorragique.