Communication scientifique
Séance du 27 mars 2018

Que penser de l’approche médicamenteuse préventive de la maladie d’Alzheimer ?

MOTS-CLÉS : Maladie d’Alzheimer/prévention et contrôle. Organisations et économie des soins de santé. Anticorps monoclonaux. Amyloid precursor protein secretases. Éthique
Toward a preventive approach of Alzheimer’s disease ?
KEY-WORDS : Alzheimer Disease / prevention & control. Health Care Economics and Organizations. Antibodies, Monoclonal. Amyloid precursor protein secretases. Ethics

Bruno DUBOIS*, Stéphane EPELBAUM*, Nicolas VILLAIN*

Bruno DUBOIS déclare des activités de conseil auprès des laboratoires Lilly, Merck et Boehringer INGELHEIM. Son institution a reçu des grants de la Fondation MSD Avenir et du laboratoire ROCHE. Stéphane EPELBAUM et Nicolas VILLAIN ne déclarant aucun conflit relatif à cet article.

Résumé

Sur les 413 essais cliniques dans le domaine de la maladie d’Alzheimer publiés au cours de ces 15 dernières années, aucun n’a conduit à la mise sur le marché d’un nouveau médicament, qu’il s’agisse de produits à visée symptomatique ou de médicaments à visée physiopathologique, qui agissent directement sur la cascade biologique de la maladie [1] . Ces derniers, appelés « disease modifiers » avaient pourtant suscité beaucoup d’espoir, notamment les anticorps monoclonaux dirigés contre l’amyloïde Ab (fibrilles ou plaques) ou les inhibiteurs de secrétases qui empêchent la production du peptide amyloïde. Malheureusement, en dépit de leur efficacité contre les lésions cérébrales de la maladie, ces molécules n’ont pas montré d’efficacité contre les symptômes. De là, l’idée d’essayer de traiter les patients plus tôt dès les premiers symptômes, voire avant leur apparition. Mais cette orientation pose de problèmes d’ordre éthique et organisationnel que nous souhaitons exposer.

Summary

None of the 413 clinical trials published during the last 15 years in the field of Alzheimer’s disease has concluded to the delivery on the market of a new drug, neither symptomatic nor « disease-modifying », i.e., directed against the biological cascade of the disease [1]. However, the last ones have generated a lot of hope, particularly the monoclonal antibodies directed against amyloid products (fibrils or plaques) or the secretase inhibitors, which block peptide amyloid production. Unfortunately, although these drugs seem to be active against brain lesions, they did not show a significant effect on the symptoms. For that reason, there is a trend today to consider that the drugs should be tested much earlier, when the first symptoms occur or even before their occurrence. This new perspective raises several ethical and organizational issues that should be addressed.

* Centre des Maladies Cognitives et Comportementales, Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM), UMR-S975; Université Pierre et Marie Curie-Paris 6, AP-HP, Hôpital de la Salpêtrière, Paris, France

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 3-4, 679-690, séance du 27 mars 2018