Publié le 23 mai 2016

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Les hémochromatoses

A l’occasion de la Semaine nationale de l’hémochromatose prévue du 30 mai au 4 juin 2016, l’Académie nationale de médecine souhaite rappeler les conclusions de la séance qu’elle a organisée le 16 février 2016 sur les maladies associées à une surcharge en fer dont  les hémochromatoses génétiques constituent la forme la plus fréquente (1). Il convient, en effet, de souligner deux caractéristiques de cette maladie : 1- l’hémochromatose est une maladie grave, les patients atteints non traités développant entre 40 et 50 ans des complications sévères et diverses (cirrhose, diabète, arthropathies, cardiopathies, mélanodermie, insuffisance hypophysaire, cancer du foie) ; 2- heureusement, le diagnostic présymptomatique permet par un traitement simple de prévenir l’apparition de ces complications.

Les hémochromatoses sont un groupe de maladies héréditaires autosomiques récessives dont la principale est l’hémochromatose classique de type 1. Elle est  due à une mutation du gène HFE. Il s’agit, le plus souvent, de la mutation C282Y portant sur les 2 copies du gène. C’est une des plus fréquentes des maladies génétiques. Sa prévalence est de  1  sur 300 en Europe du nord et de l’ouest et 1 sur 1000 en France. La Bretagne est la région de notre pays où la prévalence est la plus élevée. A côté de l’hémochromatose HFE1, existent d’autres hémochromatoses plus rares.

Plusieurs conclusions peuvent être tirées des communications présentées lors de cette séance et des débats qui ont suivi :

1-      Le diagnostic de l’hémochromatose peut être soupçonné cliniquement ; mais la diversité des signes cliniques fait que seuls les examens biologiques permettent de conclure. L’élévation de la concentration de fer sérique et celle du coefficient de saturation de la transferrine en sont les éléments essentiels. L’élévation de la concentration plasmatique de ferritine est également observée, mais elle n’est pas spécifique étant  également présente dans l’hyperferritinémie métabolique, entité de grande fréquence associée au syndrome métabolique. Le diagnostic doit être confirmé par l’analyse du génome à la recherche de la mutation C282Y. D’autres mutations portant sur les gènes d’autres protéines intervenant  dans le métabolisme du fer sont observées plus rarement.

2-      Le traitement le plus efficace de l’hémochromatose consiste en des saignées régulières à prescrire dès qu’il existe une augmentation de la ferritine et du coefficient de saturation de la transferrine. Ces signes biologiques  apparaissent avant les signes cliniques. Les saignées  permettent l’élimination de l’excès de fer pendant la phase initiale de la maladie et évitent la reconstitution de la surcharge ultérieurement. Une perspective thérapeutique nouvelle pourrait être le traitement par l’hepcidine dont le déficit, démontré dans l’hémochromatose, conduit à l’augmentation de l’absorption du fer.

3-      Le dépistage préclinique de la maladie est essentiel parce qu’il évite le développement des lésions d’organes, dont le cœur et le foie. Il est indispensable dans les familles dès qu’un cas d’hémochromatose a été authentifié. Il repose sur l’analyse du génome et doit respecter les règles éthiques. Le malade doit être informé par son médecin de l’intérêt de ce dépistage pour ses proches. Si le malade souhaite prévenir lui-même sa famille, le médecin prescripteur a un rôle  de soutien dans la délivrance de l’information et la nature des examens à réaliser. Si le malade ne souhaite pas informer lui-même sa famille, le médecin respecte le secret médical  et se borne à inciter la famille à consulter. Le dépistage de la population générale n’est pas recommandé par la Haute Autorité de Santé (2), même si une évaluation de son intérêt, et du rapport coût / efficacité est à envisager dans  les départements où la prévalence de la maladie est élevée, comme en Bretagne. S’il était mis en route, il reposerait en première intention sur la mesure du coefficient de saturation de la transferrine. 

4-      Les malades atteints d’hémochromatoses non HFE1 doivent être adressés à un centre de référence labélisé. Ces centres de référence  créés en 2005  ont pour but l’amélioration de la qualité des soins, le développement de la recherche et la coopération internationale (3). Les hémochromatoses non HFE1 font partie de ces maladies rares et bénéficient du soutien de ce plan national. Un centre de référence spécialisé pour les surcharges en fer d’origine génétique a été créé au CHU de Rennes.

 

1-      Buffet C. Séance dédiée : la route du fer. Académie nationale de médecine. 16 février 2016. A paraître dans Bull.Acad. Natle Med.

2-      Haute autorité de Santé. Evaluation clinique et économique du dépistage de l’hémochromatoseHFE1 en 2004. In http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/Hemochromatose_synth.pdf

3- Cordier JF, Fiessinger JN, Fischer A, Guillevin L, Lyonnet S. Maladies rares, le modèle Français. In :   http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2016/04/rapport-global-31-03-2016.pdf