Communication scientifique
Séance du 20 février 2018

Les déprimés sont-ils trop sensibles aux autres ? Contributions de l’imagerie cérébrale à la physiopathologie de la dépression unipolaire.

MOTS-CLÉS : DÉPRESSION. IMAGERIE CÉRÉBRALE. EXCLUSION SOCIALE
Are depressed patients too aware of others? The contribution of cerebral imaging to major depression physiopathology
KEY-WORDS : Depression. Diagnostic Imaging. Social exclusion

Philippe FOSSATI*

Résumé

La dépression unipolaire est caractérisée par la persistance d’affects négatifs, des difficultés de concentration, d’attention, de la rumination, symptômes qui affectent les capacités d’interaction sociale des patients. Dans ce travail nous passons en revue les données d’imagerie cérébrale qui sous-tendent au niveau neural ces différents symptômes dépressifs. Nous montrons que la dépression affecte de nombreuses régions cérébrales parmi lesquelles le cortex cingulaire antérieur dans sa partie subgénuale, le cortex médial préfrontal et l’insula. Ces régions appartiennent en partie au réseau du mode par défaut et au réseau de salience. Nous proposons un modèle suggérant que la dépression résulterait d’une difficulté à allouer des ressources attentionnelles en réponse à des situations de stress social. Ces données d’imagerie cérébrale fonctionnelle laissent entrevoir la possibilité de développer des traitements préventifs de la dépression chez des sujets à risque.

Summary

Major depression is associated with persistent negative affect, increased mental rumination, difficulties in concentration and attention, and impaired ability to interact with people. In this paper, we review the cerebral imaging data supporting these different depressive symptoms at neural level. Beyond neurobiological features, brain imaging has implicated several brain regions and networks in the pathophysiology of major depression. Among these regions, the subgenual cortex, the anterior right insula and the medial prefrontal cortex play major role in precipitating a depressive episode and in maintaining depressive symptoms. Those areas partly belong to the default mode system and to the salience network. We propose here a neural working model suggesting that depression is marked by increased sensitivity to negative social signal and by problem to adequately allocate attentional resources in responses to social stress. This model may pave the way to the development of preventive treatment in subjects at risk for depression.

Entretien avec Philippe Fossati le 20/02/2018 à l’ANM :

* Service de Psychiatrie Adulte & Equipe de Neurosciences Sociales et Affectives. Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, Inserm, CNRS, APHP, Institut du cerveau et de la moelle (ICM)- Hôpital Pitié Salpêtrière, Boulevard de l’hôpital,F-75013, Paris, France.

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 1-2, 293-306, séance du 20 février 2018