Communication scientifique
Séance du 12 novembre 2019

L’administration d’un agent thrombolytique peut-elle favoriser une hémorragie cérébrale en dehors de la zone ischémiée ?

MOTS-CLÉS : Traitement thrombolytique, Accident vasculaire cerebral, Hémorragie cérébrale, Ischémie
May thrombolytic therapy induce cerebral haemorrhages outside the ischaemic area?
KEY-WORDS : Thrombolytic therapy, Stroke, Cerebral hemorrhage, Ischemia

D. Leys* , A. Drelon

Didier Leys déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Pas d’actions ou d’intérêt dans des compagnies pharmaceutiques ou de matériel biomédical (à titre personnel ou pour les proches). Pas de déplacements pris en charge par l’industrie pharmaceutique ou les compagnies de matériel biomédical. Participation à des essais cliniques, des advisory boards, ou des symposia organisés par Pfizer/BMS, Astrazeneca, Boeringher-Ingelheim, Lundbeck, GSK, Bayer et Allergan (honoraires versés au CHU de Lille ou à Adrinord). Membre du conseil scientifique de l’Institut Servier (bénévole). Président du conseil scientifique de la fondation de recherche sur les accidents vasculaires cérébraux (bénévole). Vice-éditeur de l’European Stroke Journal de 2014 à 2019 (honoraires versés à Adrinord). Rédacteur en chef de l’European Journal of Neurology à partir de janvier 2020 (contrat financier en cours entre Adrinord et l’éditeur Wiley).
Agathe Drelon déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Pas d’actions ou d’intérêt dans des compagnies pharmaceutiques ou de matériel biomédical (à titre personnel ou pour les proches). Pas de déplacements pris en charge par l’industrie pharmaceutique ou des compagnies de matériel biomédical.

Résumé

Introduction
Une hémorragie intracérébrale (HIC) peut survenir lors d’un traitement thrombolytique prescrit pour une pathologie coronaire. Dans les thrombolyses pour ischémie cérébrale, 1 HIC sur 50 survient en dehors du territoire ischémié. Le mécanisme de ces HIC à distance (HIC-d) pourrait se rapprocher de celui des HIC observées en pathologie coronaire. Nous avons testé l’hypothèse selon laquelle une HIC-d se développe à partir d’une lésion sous-jacente identifiable sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM) initiale.

Méthode
Nous avons colligé toutes les thrombolyses par rt-PA pour ischémie cérébrale effectuées sur une période de 9 ans, chez des patients majeurs et consentants. Les IRM initiales des patients ayant une HIC-d ont été relues.

Résultats
Une HIC-d a été identifiée chez 24 (2,5 %) des 944 patients ayant 41 HIC-d. L’HIC-d était lobaire chez 14 (58,3 %), profonde chez 7 (29,2 %) et mixte chez 3 (12,5 %). Dans 24 des 41 HIC-d (58,5 %) aucune lésion préalable n’a été identifiée. Dix-sept HIC-d (41,5 %) s’étaient développé sur une lésion préalable : 6 micro-saignements, 6 infarctus cérébraux anciens et 1 récent, et 4 anomalies de la substance blanche. Les facteurs indépendamment associés aux HIC-d étaient l’âge (adjOR 1,07 par année ; IC 95 % 1,03–1,12), la présence d’au moins 5 micro-saignements (adjOR 3,84 ; IC 95 % 1,01–14,56) et le siège lobaire des micro-saignements (adjOR 3,54 ; IC 95 % 1,22–10,26).

Conclusion
Toutes les lésions préexistantes identifiées sont de nature vasculaire, mais la moitié des cas reste inexpliquée. Des IRM à plus haut champs, avec des coupes fines et des séquences plus sensibles pourraient permettre d’identifier la cause des cas inexpliqués.

Summary

Introduction
An intracerebral haemorrhage (ICH) may occur after thrombolytic therapy for an acute coronary syndrome. When performed for an ischaemic stroke, thrombolytic therapies are associated with the occurrence of remote ICH (ICH-r) in 2% of patients. These ICH-r might share similar mechanisms with ICH occurring after thrombolysis for coronary syndromes. We tested the hypothesis that ICH-r develop from a pre-existing brain lesion that can be identified on the baseline magnetic resonance imaging (MRI) scan.

Method
We recorded all thrombolytic therapies performed over a 9-year period for cerebral ischaemia, in patients aged 18 years or more who gave consent. Baseline MRI-scans of patients who developed ICH-r were reviewed.

Results
At least 1 ICH-r has been identified in 24 of 944 patients (2.5%). ICH-r were lobar in 14 patients (58.3%), deep in 7 (29.2%) and mixed in 3 (12.5%). In 24 of the 41 ICH-r (58.5%) no lesion was identified. Seventeen ICH-r developed from a pre-existing lesion: 6 microbleeds, 6 old and 1 recent silent infarcts, and 4 white matter changes. Factors independently associated with ICH-r were age (adjOR 1.07 per year; 95% CI 1.03–1.12), presence of 5 microbleeds or more (adjOR 3.84; 95% CI 1.01–14.56), and lobar location of micro-bleeds (adjOR 3.54; 95% CI 1.22–10.26).

Conclusion
All identified pre-existing lesions were of vascular origin. In half cases no lesion could be identified. Higher fields MRI machines, thin slices, and more sensitive sequences could help identifying the causes in these cases.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2019.12.015 (Discussion)

Accès sur le site EM Consulte (Discussion)

* Inserm U 1171, service de neurologie vasculaire, université de Lille, CHU de Lille, Lille, France

Bull Acad Natl Med 2020;204:277—282. Doi : 10.1016/j.banm.2019.12.015