Autre
Séance du 3 décembre 2018

La pertinence des actes médicaux

MOTS-CLÉS : Pertinence des soins, Qualité des soins, Coûts de santé, Législation, Réglementation, Santé publique
Towards relevant health care practices
KEY-WORDS : Quality of care, Health care costs, Relevance of medical procedures, Health policy, Legislation, Regulation, Public health

R. Mornex (a), J. Orgiazzi (b)

Résumé

Défini comme « médecine sobre », le concept de pertinence des actes médicaux, progressivement structuré depuis 1977, constitue dorénavant un corpus opérationnel prioritaire. Il préconise une médecine exactement appropriée au but recherché, fondée sur la qualité, la justesse et la sécurité des décisions d’investigations et de soins en fonction des preuves scientifiques disponibles et du contexte de la personne. La pertinence se fonde sur les acquis de la médecine par les preuves. En fonction des pathologies et selon les cas, elle peut bénéficier de l’adaptation des parcours de soins, de la multidisciplinarité et de la contribution de centres de référence. Visant à réduire la sur-consommation et la « dys-consommation » médicales, elle doit aussi dénoncer la « sous-consommation » médicale. La pertinence intègre les recommandations et référentiels proposés par les sociétés savantes nationales et internationales et par l’HAS. Pour sa part, l’Assurance maladie élabore des parcours de soins et des messages de pertinence. C’est un devoir professionnel d’en prendre connaissance. L’efficacité de la pertinence doit être évaluée sur le plan médicoéconomique et celui de la satisfaction des patients. Le concept de pertinence est maintenant pris en compte, d’une part, à l’échelon des pouvoirs publics, d’autre part, à celui des enseignants (doyens des facultés de médecine) et des étudiants. L’un des axes de la « stratégie nationale de santé 2018–2022 » vise à « garantir la qualité, la sécurité et la pertinence des prises en charge à chaque étape du parcours de santé » ce qui implique des mesures de financements, d’organisation et de régulation. De son côté, l’université travaille à décliner et à inscrire le concept de pertinence dans chacun des trois cycles de formation des futurs médecins. Cet objectif est d’autant plus important qu’in fine, « toute décision médicale est singulière », et le restera, malgré le développement inévitable des outils algorithmiques et de l’intelligence artificielle.

Summary

The concept of reasonable, “pertinent”, or “sober” medicine has been developed since 1977. It is now defined as a medical investigation and therapeutic strategy specifically targeted, based on quality, accuracy and safety, according to the best current medical knowledge and adapted to the given patient and his/her environment. High quality medical pertinence requires basic and clinical expertise as well as input from guidelines and recommendations from expert learned bodies. It refers to the evidence based medicine achievements. But appropriate health care organization is also needed, including multidisciplinary collaboration and access to reference centres. Although not the only one, the objective is also to contain medical care costs in order to maintain the sustainability of the health system. It is mandatory to evaluate the efficiency of the medical pertinence through specific programs. On the one hand, public authorities should encourage and take action through legislative and regulatory measures in order to help the promotion and development of the relevance of medical procedures. On the other hand, medical teaching as well as training should integrate the global objectives and conditions for pertinent medicine very early, and all along, in the course. However, medical decision will remain an individual responsibility, even in the changing environment of algorithms and artificial intelligence.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2019.10.001

Accès sur le site EM Consult

(a) Académie nationale de médecine, 16, rue Bonaparte, 75006 Paris, France. (b) Service d’endocrinologie-diabétologie-maladies métaboliques, centre hospitalier Lyon-Sud, université Lyon 1, Hospices civils de Lyon, 165, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite, France

Bull Acad Natl Med. 2019;203:722—740. Doi : 10.1016/j.banm.2019.10.001