Rapport
Séance du 24 octobre 2017

Rapport 17-08. La médecine scolaire en France

MOTS-CLÉS : MÉDECINE SCOLAIRE, SANTÉ PUBLIQUE, ENFANT, ÉDUCATION POUR LA SANTÉ.
School Medicine in France
KEY-WORDS : SCHOOL HEALTH, CHILD, PUBLIC HEALTH, HEALTH EDUCATION.

Pierre BÉGUÉ *

L'auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

La médecine scolaire concerne plus de 12 millions d’élèves en France et elle est sous l’égide du Ministère de l’Education nationale(EN). Elle a été organisée en France en 1945, par la mise en place d’un service d’hygiène scolaire qui instaura un examen médical d’entrée à 6 ans et des examens de santé réguliers. En 1946 les postes de médecins et d’infirmières scolaires sont créés. Le service de promotion de la santé en faveur des élèves a été créé au sein du Ministère de l’EN en 1991. Les tâches des personnels de santé se sont étendues par la prise en charge des élèves ayant une maladie chronique (1993), l’aide aux élèves atteints de handicap (2005) ou celle des enfants ayant des difficultés d’apprentissage (2015). On déplore cependant le manque de pilotage, d’évaluation et de clarté pour la gouvernance, en particulier pour les missions des médecins et des infirmières. Les objectifs pour la santé des élèves se sont multipliés, mais le nombre de médecins scolaires est en diminution constante passant de 1400 Médecins de l’éducation nationale (MEN) en 2006 à 1000 en 2016. L’attractivité pour la médecine scolaire est médiocre en raison de sa faible reconnaissance professionnelle et des mauvaises conditions matérielles. La répartition des MEN en France est très hétérogène, allant de 2000 à 46000 élèves pour un seul MEN. Le taux des visites pour les élèves de 6 ans varie selon les régions de 0 à 90% : en moyenne 57% des enfants ont eu un examen de santé pratiqué par un médecin ou par une infirmière en 2015. La carence en MEN menace la qualité et l’égalité du dépistage précoce et de la prévention, en particulier pour les grands problèmes de l’adolescence: échec scolaire, addictions, obésité, troubles neuropsychiques.L’Académie de médecine recommande de remédier d’urgence à la pénurie des MEN, de recadrer leur activité dans un statut de médecins de la prévention, d’assurer l’examen de santé pour tous les enfants de 6 ans, de réviser la gouvernance par la création d’un comité exécutif entre les ministères de l’EN et de la Santé, d’instaurer un enseignement universitaire de la médecine scolaire sous la forme d’une formation spécialisée transversale, et de mettre en place un système de santé scolaire organisé basé sur les personnels de la santé scolaire et les enseignants formés à cet effet.

Summary

School medicine concerns more than 12 million pupils in France and is under the aegis of the Ministry of National Education. It was organized in France in 1945 by the establishment of a school hygiene service which instituted a medical examination of entry at 6 years and regular health examinations. In 1946, the positions of doctors and school nurses were created. The health promotion service for pupils was set up within the Ministry of National education in 1991. The tasks of the health workforce were extended by the care of pupils with a chronic disease (1993), assistance for students with disabilities (2005) or children with learning disabilities (2015). However, there is a lack of steering, evaluation and clarity for governance, particularly for the missions of doctors and nurses. The goals for pupils’ health have multiplied but the number of school doctors is steadily decreasing from 1400 school doctors in 2006 to 1 000 in 2016. The attractiveness of school medicine is poor because of its low level of professional recognition and the poor material conditions. The distribution of school doctors in France is very heterogeneous, ranging from 2000 to 46000 pupils for a single doctor. The rate of visits for the 6-year-olds varies by region from 0 to 90%: on average 57% of children has had a doctor or nurse’s health examination in 2015. School doctors deficiency in France threatens quality and equality of early detection and prevention, especially for the big problems of adolescence: school failure, addictions, obesity, neuropsychic disorders.The Academy of Medicine of France recommends urgently remedying the shortage of school doctors, refocusing their activities as prevention practitioners, ensuring the health examination for all 6-year-olds, reviewing governance by setting up an executive committee between the Ministries of National education and Health, to institute university education in school medicine in the form of transversal specialized training and to set up a school health organized system based on both school health personnel and trained teachers.

Bull. Acad. Natle Méd., 2017, 201, n°s 7-8-9, 957-972, séance du 24 octobre 2017