Communication scientifique
Séance du 6 juin 2017

Fibrose hépatique : les myofibroblastes en question

MOTS-CLÉS : Cirrhose du foie. Agents angiogéniques. Cellules étoilées du foie. Collagène. Péricytes. Système porte. Myofibroblastes
Liver fibrosis : focus on myofibroblasts
KEY-WORDS : Liver Cirrhosis. Angiogenesis Inducing Agents. Hepatic Stellate Cells. Collagen. Pericytes. Portal System. Myofibroblasts

Chantal HOUSSET *

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

La fibrogenèse hépatique relève d’un processus dynamique responsable de modifications quantitatives et qualitatives de la matrice extracellulaire, dont la principale est l’accumulation de collagène de type I. Ces modifications altèrent progressivement l’architecture hépatique et aboutissent à la cirrhose. Au cours de la fibrogenèse hépatique, comme celle des autres tissus, la matrice extracellulaire est synthétisée par les myofibroblastes, cellules caractérisées par l’expression de novo d’actine-alpha de type musculaire lisse (α-SMA).
Absents du foie normal, les myofibroblastes ont deux origines principales dans un foie pathologique ; les cellules étoilées du foie (CEF), cellules péricytaires stockant la vitamine A, et dans une proportion moindre, les cellules mésenchymateuses portales, population hétérogène incluant des cellules périvasculaires dépourvues de vitamine A. Les cellules mésenchymateuses portales sont à l’origine des myofibroblastes portaux, qui se distinguent des CEF myofibroblastiques par des différences phénotypiques claires mais des marqueurs insuffisants, dont un des plus discriminants semble être le collagène de type-XV-alpha. Les myofibroblastes portaux jouent un rôle clé dans l’angiogenèse pathologique,  phénomène constant au cours des maladies du foie favorisant la progression de la fibrose des espaces porte vers le lobule pour aboutir à la cirrhose. Il a maintenant été bien démontré que la fibrose hépatique et la cirrhose pouvaient régresser. La régression de la fibrose s’accompagne d’une désactivation des CEF myofibroblastiques, qui pour autant ne redeviennent pas totalement quiescentes. La preuve du caractère réversible de la fibrose hépatique constitue une excellente base rationnelle pour la recherche de traitements anti-fibrosants dont encore aucun n’a fait la preuve de son efficacité dans les maladies du foie. La reprogrammation des myofibroblastes hépatiques en hépatocytes in vivo chez la souris représente une stratégie
particulièrement innovante pour le futur.

Summary

Liver fibrogenesis is a dynamic process including quantitative and qualitative changes of the extracellular matrix, of which the most prominent is the deposition of type I collagen. These changes progressively disrupt normal liver architecture and result in cirrhosis formation. In the fibrotic liver, as in all other fibrotic tissues, the extracellular matrix is produced by myofibroblasts, which are characterized by the de novo expression of alpha-smooth muscle actin (α-SMA). Absent from the normal liver,myofibroblasts in the injured liver derive from two major sources: predominantly hepatic stellate cells (HSC), i.e. vitamin-A containing pericytes, and to a lesser extent portal mesenchymal cells, a heterogeneous population including vitamin-A free pericytes. Those derived from portal mesenchymal cells, known as portal myofibroblasts, distinguish themselves from HSC-derived myofibroblasts by clear phenotypic features but few, debated, markers the most discriminating so far being collagentype-XV-alpha. Portal myofibroblasts appear to be critical in pathological angiogenesis, which constantly occurs in liver diseases, driving the progression of fibrosis from portal tracts towards the lobule to form cirrhosis. It has been clearly established that liver fibrosis and cirrhosis can regress, and this process involves a deactivation of CEF-derived yofibroblasts,
although probably not to a fully quiescent phenotype. The proof of fibrosis reversibility in the liver provides a strong rationale for anti-fibrotic treatments none of which, nevertheless, has yet fully proven an effectiveness in liver diseases. The in vivo reprogramming of myofibroblasts in mouse liver into induced hepatocytes provides an innovative strategy for the future.

* Centre deRecherche Saint-Antoine, Institut de Cardiométabolisme et Nutrition ICAN, Sorbonne Universités UPMC & Inserm, Centre de référence des maladies inflammatoires des voies biliaires et des hépatites auto-immunes, Hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris. E-mail : chantal.housset (a) inserm.fr

Bull. Acad. Natle Méd., 2017, 201, nos 4-5-6, 741-753, séance du 6 juin 2017