Communication scientifique
Session of 15 janvier 2019

Exil et violences

MOTS-CLÉS : Population de passage et migrants ; Exil ; Violence ; Santé ; Psychotraumatismes ; Violence institutionnelle
Exile and violences
KEY-WORDS : Transients and migrants; Violence; Health; Psychotraumatisms; Institutional violence

Antoine LAZARUS*

Résumé

Les liens entre exil et violences sont analysés du point de vue des problèmes de santé liés à la précarité, la violence, la migration, la souffrance mentale. Une première partie terminologique précise les différences entre migrants, réfugiés et exilés. Le concept d’exil étant celui qui est le plus problématique. L’exilé est en situation tout à la fois politique et d’acculturation différente de celle du migrant travailleur. Les définitions des violences et de leurs effets s’appuient sur le Rapport mondial sur la violence et la santé proposé en 2002 par l’OMS. Il montre que les violences sont facteurs de risque, notamment psychotraumatiques à long terme, sur la santé des personnes qui en ont été victimes et leurs proches. Après une estimation du nombre de migrants ayant subi la torture et en besoin potentiel de soins, des mentions particulières sont faites sur la spécificité des effets des violences de l’exil pour les femmes, les enfants et les personnes âgées. Il est rappelé ensuite que le psychotraumatisme longtemps dénié est reconnu aujourd’hui mais que les manques de formations de professionnels compétents sont considérables. La conclusion insiste sur les violences des effets maltraitants que nos politiques migratoires et pratiques institutionnelles infligent aux migrants et qui souvent réactivent les traumatismes anciens. Les professionnels de santé ont alors un devoir de prévention, de protection.

Summary

As a honorary academic physician, practitioner, researcher and actor of open public policies in the field of precariousness and related health problems, violence, migration and mental suffering, the author reviews exile and violences. A first terminological part specifies the differences between migrants, refugees and exiles. The concept of exile is the most problematic issue. For the exile, both political and acculturation situations are different from those of the migrant worker. The definition of violence and its effects is based on the World Report on violence and health proposed by WHO in 2002. It shows that violence is a risk factor, especially for long-term psycholoical traumas, on the health of victims and those close to them. After an estimate of the number of migrants who have been tortured and in potential need of care, particular mention is made of the specific effects of violence of exile on women, children and the elderly. Then, it is recalled that psychotraumatism long denied is recognized today but that the lack of training of competent professionals is considerable. The conclusion emphasizes the violence of the abuse that our migration policies and institutional practices inflict on migrants, which often reactivate old traumas. Health professionals then have a duty to prevent and protect.

L’article est disponible sur le site ScienceDirect édité par Elsevier-Masson : https://doi.org/10.1016/j.banm.2019.02.004

*Centre de soins « Vivre après la torture » , Association Primo Levi, 107, avenue Parmentier, 75011 Paris, France

Bull Acad Natl Med (2019) 203 , 23-32