Éloge
Séance du 17 novembre 2009

Éloge de Maurice Goulon (1919-2008)

Jean-Marie Mantz *

Summary

Éloge de Maurice Goulon (1919-2008)

Jean-Marie MANTZ *

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, Mes chers Consœurs et Confrères, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, Je suis très sensible à l’honneur qui m’est fait de présenter cet éloge.

Maurice Goulon est né le 3 février 1919 à Turin où son père était un des dirigeants de la filiale Michelin. Maurice passa son enfance dans cette ville. Il fit ses études primaires à l’école des Trinitaires et acquit une bonne connaissance de l’italien.

Sa famille était d’origine lorraine, mosellane plus précisément. Elle avait vécu dans sa chair en 1870, le cruel découpage du Département de la Moselle, la branche maternelle étant restée en Moselle annexée, tandis que la branche paternelle s’était repliée à Nancy. Maurice garda toujours un attachement particulier à cette province, fier d’avoir fait ses études secondaires à Metz, au collège des Jésuites de SaintClément, collège dont un élève — il aimait à le rappeler — avait été le futur Maréchal Foch.

Maurice s’inscrit à la Faculté de Médecine de Nancy où il passe le PCB et les deux premières années.

En 1939 il a 20 ans. Il est mobilisé et affecté à la 5e section d’infirmiers militaires à Vendôme et vit sur le terrain cet épisode, douloureux s’il en est, de notre histoire, la débâcle de 1940. Il est affecté à l’hôpital de Romorantin à la suite du premier bombardement du terrain d’aviation voisin, le 10 mai 1940 puis, comme médecin auxiliaire auprès des blessés et réfugiés à l’hôpital d’Orléans où il est engagé dans les combats des ponts de la Loire, enfin en novembre 1940, au 4e régiment d’artillerie de Clermont-Ferrand.

Dans ce contexte chaotique, il passe en 1942 l’externat des Hôpitaux de Paris qui lui réservait deux rencontres décisives, en 1944 celle de Robert Debré aux Enfants Malades et en 1947 à Bicêtre, dans le service de René Moreau, celle d’une autre externe, Jeanne Bion, déjà orientée en gynécologie, qui devint son épouse.

Il passe sa thèse de Doctorat en Médecine en janvier 1945 sous la direction de Lucien Léger sur le sujet : « Granulations péritonéales pseudo-néoplasiques et pseudotuberculeuses en gériatrie ». Il s’engage alors dans les Forces Françaises de l’Intérieur, ce qui l’amène de Cholet à Auxerre puis en Allemagne jusqu’à Gemersheim.

Démobilisé en novembre 1945 il prépare l’internat de Paris, avec comme conférenciers Henri Bricaire, Paul Castaigne et André Germain. Il est reçu au concours 1947-48. Le choix de ses stages eut sur sa carrière médicale une influence décisive, l’orientant vers deux spécialités, la neurologie et l’infectiologie qui, au premier abord et en référence à l’époque, ne paraissaient avoir en commun que des points marginaux. Je lui laisse la parole à ce sujet :

« Sur le versant neurologique, j’appris un peu de psychiatrie musclée avec Noël Péron, excellent neurologue, spécialiste de l’hystérie dont il collectionnait les cas, la pathologie de la moelle épinière avec Lucien Rouquès qui avait dans son laboratoire un nombre impressionnant de rachis pathologiques que les internes étaient chargés de prélever, la neuro-endocrinologie avec Jacques Decourt qui a fait paraître sous le titre « un sentier dans le siècle » un livre plein de souvenirs émouvants, la séméiologie neurologique fine avec Raymond Garcin donc les décisions thérapeutiques étaient le fruit de longues réflexions, la vision synthétique de la neurologie enfin avec Théophile Alajouanine qui alliait une vaste érudition à une étonnante intuition ».

Michel Samson, Étienne Fournier, Bernard Hillemand, Thérèse Lempérière, Jean Cambier qui furent ses collègues à l’école d’Alajouanine, sont les témoins survivants de cette époque heureuse où le clinicien était roi. Neurologue de formation, neurologue de cœur, assistant de Paul Castaigne en 1953, il fut membre de la très élitiste Société française de Neurologie depuis 1961, et réserva à la Revue neurologique l’essentiel de ses publications. Quand les neurologues parisiens exerçant hors de la Salpêtrière mirent en commun leurs efforts, il fit participer son service à la ronde de la « Neurologie aux champs », assistant à ses confrontations mensuelles, bien au delà de la retraite, jusqu’aux derniers mois de son existence.

L’autre versant de sa formation fut consacré à l’étude des maladies infectieuses. Il a tenu, à plusieurs reprises, à rendre un hommage particulier à Antoine Laporte, référence incontestée dans ce domaine et grand enseignant, et à Robert Debré dont il fut l’externe puis l’interne et qui, par la suite, lui témoigna une constante et bienveillante attention.

Le cours de sa vie médicale fut définitivement fixé par sa rencontre avec Pierre Mollaret, neurologue, infectiologue pastorien et défenseur passionné des droits des médecins dont l’œuvre majeure a été la création à l’hôpital Claude Bernard d’un centre de traitement des formes respiratoires de la poliomyélite, à laquelle Maurice Goulon fut directement associé.

Cette épopée mérite d’être contée :

L’endémie poliomyélitique connut en 1954 une recrudescence estivale spécialement virulente. L’épidémie frappa particulièrement les Etats-Unis et le Nord de l’Europe.

Rien qu’en France, on dénombra plusieurs milliers de cas de paralysies plus ou moins étendues et des centaines de décès, en grande majorité d’origine respiratoire.

Pour pallier les conséquences de ces paralysies respiratoires on ne disposait que du poumon d’acier, souvent inopérant, voire dangereux. Au cours de l’été 1952 une grave épidémie de poliomyélite avait frappé le Danemark. Avec l’aide d’anesthésistes, Henry Lassen à Copenhague l’avait maîtrisée grâce à la ventilation manuelle au ballon par l’intermédiaire d’une intubation trachéale ou d’une trachéotomie. Bientôt le ballon fut remplacé par des machines dont le prototype fut le célèbre respirateur d’Engstroem qui permit d’assurer une ventilation en pression positive intermittente pendant des milliers d’heures.

En 1954 Pierre Mollaret, secondé par Raymond Bastin, s’inspira de cette expérience danoise, fit l’acquisition de ces nouveaux respirateurs et constitua — initiative audacieuse et très originale à l’époque — une équipe bien soudée, multidisciplinaire et fonctionnant en continu pour assurer la prise en charge 24 heures sur 24 des grands malades.

C’est pour s’engager pleinement dans cette voie que Maurice Goulon s’arracha à son activité purement neurologique pour répondre à l’appel de Pierre Mollaret et créer à l’Hôpital Claude Bernard, avec Raymond Bastin et Jean-Jacques Pocidalo, bientôt suivis par Maurice Rapin et Jacques Lissac, le Centre de traitement des formes respiratoires de la poliomyélite. Maurice Cara au retour d’un stage à Stockholm dans le service du Professeur Engstroem fit bénéficier cette équipe de pionniers de ses connaissances techniques sur les nouveaux respirateurs. Parallèlement à la prise en charge de la fonction respiratoire, était assuré, comme l’avait recommandé Jean Hamburger dès 1952, l’équilibre hydro-électrolytique, acidobasique et nutritionnel des grands malades.

Les succès obtenus dans le traitement des formes respiratoires, de la poliomyélite amenèrent à élargir, avec un égal bonheur, le champ d’application de la méthode à d’autres maladies compromettant les fonctions vitales, le tétanos par exemple, maladie jusqu’alors régulièrement mortelle. Les superlatifs accompagnant la publication du premier cas guéri par cette méthode : ‘‘ traitement héroïque du tétanos gravissime par curarisation maximale » traduisent bien l’explosion d’enthousiasme qu’engendra ce succès.

De nombreuses autres situations virent leur pronostic vital transformé : les polyradiculonévrites, la myasthénie grave, les états de choc, les acidoses sévères, les intoxications aiguës, en particulier barbituriques, l’état de mal asthmatique, les pneumopathies majeures, les noyades, les pendaisons…

La réanimation était née et avait grandi dans l’ambiance exaltante de succès retentissants : les poliomyélitiques respiraient, les tétaniques guérissaient, les intoxiqués se réveillaient sans séquelle. Ce fut l’âge d’or de la réanimation dont l’équipe de Claude Bernard eut le mérite, entre 1954 et 1962, d’énoncer les principes essentiels :

— garantir la survie immédiate des patients en détresse respiratoire ou circulatoire par la mise en œuvre de techniques de ressuscitation performantes, — corriger les conséquences de l’atteinte des grandes fonctions vitales, en particulier respiratoires et circulatoires, mais aussi rénales, hépatiques, métaboliques, jusqu’à ce que l’organisme malade en reprenne le contrôle.

— traiter, chaque fois que possible, les causes de ces désordres par les thérapeutiques appropriées.

Ce concept, reconnu dans le monde entier, se concrétisa par la création en France et à l’étranger de nombreux centres calqués sur le modèle parisien.

C’est à cette époque que, chargé de monter un service de Réanimation à Strasbourg, je pus m’inspirer du modèle de Claude Bernard et nouer avec Maurice Goulon des liens d’amitié dont cinquante années n’ont pas altéré la solidité.

En 1956 une épidémie de poliomyélite particulièrement sévère frappa la République Argentine. À la demande du gouvernement français une mission composée de Maurice Goulon, Jean-Jacques Pocidalo et une infirmière Melle Barthe fut envoyée sur place avec du matériel français, en particulier le prototype d’un respirateur de conception française, le R.P.R. Cette mission démontra, par les succès qu’elle obtint, la supériorité de la ventilation artificielle en pression positive par voie endotrachéale sur le poumon d’acier dont dix-sept exemplaires fonctionnaient dans une même salle. Le poumon d’acier était en effet seul utilisé à cette époque sur le continent américain.

La conjonction des deux circonstances particulières que furent le regroupement en un même lieu géométrique d’un grand nombre de malades en état de détresse et la formation neurologique de Maurice Goulon, permit à ce dernier de décrire un état très particulier, inédit, dont la portée se révéla cruciale par la suite : le « coma dépassé », c’est-à-dire la mort cérébrale. Maurice Goulon put, avec Pierre Mollaret en présenter vingt-trois observations à la Société Française de Neurologie en 1959, soit il y a exactement cinquante ans.

Considéré initialement comme une rançon de la réanimation, le coma dépassé devint, en raison des progrès dans les domaines de l’immunologie et de la technique chirurgicale, une source essentielle de prélèvement d’organes en vue des transplantations. Dès lors la nécessité d’ouvrir une unité de réanimation médicale s’imposa dans tous les hôpitaux.

À partir de 1962, l’équipe de Claude Bernard se dispersa comme — la comparaison est de Maurice Goulon lui-même — une gerbe de feu d’artifice, les uns et les autres allant vers de nouveaux centres :

Raymond Nedey à l’hôpital Foch Jacques Lissac à l’hôpital Boucicaut Gabriel Duchesne au Val de Grâce François Liot puis François Monsallier à Cochin Antoine Margairaz à Ambroise Paré Philippe Amstutz à St Antoine Philippe Auzépy à Bicêtre.

Tandis que les différentes régions de France se dotaient progressivement de nouveaux services :

À Lyon avec André Bertoye et Jean François Bolot À Bordeaux : Robert Castaing À Nancy : Alain Larcan À Strasbourg : moi-même avec Jean Daniel Tempe À Lille : Cyr Voisin et Francis Wattel À Rennes : François Cartier À Montpellier : André Bertrand À Marseille : Philippe Ohresser À Nantes : Françoise Nicolas À Rouen : Max Dordain À Toulouse : Louis Lareng.

Ainsi que les pays francophones :

À Lausanne : Claude Perret À Bruxelles : Aimé de Coster De son côté Maurice Goulon obtint en 1963 à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, à partir des services de rééducation motrice d’André Grossiord, un service de plus de deux cents lits. Il en réalisa dans un deuxième temps la partition d’une part en un Service de réanimation d’adultes dont il assuma la charge pendant des années avec le concours de Maurice Rapin avant que ce dernier ne prenne la direction du Service de réanimation de l’Hôpital Henri Mondor, et d’autre part un service de réanimation pédiatrique qu’il confia en 1980 à Annie Barois.

Ce fut pour Maurice Goulon et son équipe une nouvelle période d’activité intense.

Dès 1964 il fit l’acquisition d’un caisson monoplace d’oxygénothérapie hyperbare dont il montra l’intérêt dans le traitement de l’intoxication oxycarbonée, la gan- grène gazeuse, les embolies gazeuses, les pseudarthroses suppurées. Les premiers résultats furent publiés à Durham, en Caroline du Nord en 1965.

Dans le même ordre d’idées furent évaluées les possibilités et les limites du massage cardiaque interne, des oxygénateurs à membranes, des échanges plasmatiques dans le traitement du syndrome de Guillain-Barré et de la myasthénie. La contribution de Maurice Goulon à l’étude de cette dernière maladie, la myasthénie fut essentielle : Il montra le rôle des anticorps antirécepteurs de l’acétyl-choline dont les premiers dosages furent faits à sa demande par Catherine Goulon-Goeau à l’Institut Pasteur.

À partir d’un collectif personnel de plus de 300 cas de myasthénie grave, il précisa les indications respectives de la thymectomie, des anticholinestérasiques, des corticoïdes, de l’azathiopurine, de la ciclosporine dans cette maladie.

Préoccupé par les séquelles souvent graves, motrices et respiratoires que peuvent garder certains malades atteints de poliomyélite ou d’autres pathologies neurologiques, il imagina et réalisa avec le Président Dessertine l’ADEP — assistance (Aide à Domicile Entraide Polio) dont il présida depuis sa création le Comité médical et scientifique et qui permit à ces malades la ventilation à domicile ou en foyers adaptés à l’hébergement prolongé comme ceux qu’il créa à Montereau en 1971 et à Évry en 1976.

Auteur de plus de trois cents publications Maurice Goulon a créé en 1969, avec Maurice Rapin à l’Expansion Scientifique, la collection à publication annuelle :

« Réanimation de Médecine d’Urgence ». Il a publié plusieurs ouvrages, « Les urgences » chez Maloine en 1990, « Abrégé de réanimation » chez Masson en 1997 et « La Réanimation, naissance et développement d’un concept » ouvrage collectif édité chez Maloine en 2004.

Tout au long de son parcours d’importantes responsabilités administratives et collectives lui ont été confiées, témoignant de la confiance que lui ont accordée ses pairs :

— Membre fondateur en 1971 et Ancien Président de la Société de Réanimation de Langue Française à laquelle il a donné une impulsion toute particulière — Membre de la Société Française de Neurologie — Président de la Commission de qualification en Réanimation de l’Ordre des Médecins — Président de la Commission médicale consultative de l’Hôpital Raymond Poincaré de 1979 à 1987 — Membre de la Commission de Mise sur le Marché des médicaments, — Membre de la Commission de remboursement des médicaments et de la commission de transparence au Ministère de la Santé.

— Président de la Société Médicale des Hôpitaux de Paris en 1983 — Membre du Comité d’Éthique de l’Inserm — Doyen de la Faculté de Médecine Paris-Ouest de 1977 à 1980

Et, depuis 1989, membre titulaire de notre Académie où il était particulièrement assidu et écouté en commission dans le cadre de l’organisation des urgences, de la prévention des infections nosocomiales, de la prise en charge à domicile des insuffisants respiratoires chroniques. En séance, il intervenait à point nommé sur un mode volontiers anecdotique, puisant dans son excellente mémoire pour faire prévaloir dans la discussion la primauté de l’expérience clinique.

Il était chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur et officier dans l’Ordre des Palmes académiques.

Atteint par l’âge de la retraite en 1988 il a laissé la charge de son service à ses deux agrégés Philippe Gajdos et Jean-Claude Raphaël, certain que l’alliance de la Réanimation et de la Neurologie se poursuivrait, synthèse réussie par un autre de ses élèves, François Nouailhat à Passy.

« Ainsi », disait déjà Yves Grosgogeat, rapporteur de sa candidature à l’Académie, « toute sa carrière et son œuvre sont placées sous le signe d’une remarquable continuité et d’une impressionnante réussite aussi bien pour l’atteinte de ses objectifs de recherche en médecine que pour toutes les détresses vitales et humaines qu’il a contribué à sauver ».

Une œuvre aussi considérable ne fut possible que grâce à une compétence professionnelle et à des qualités relationnelles exceptionnelles.

Philippe Gajdos, son successeur et ami, écrit : « Travailleur infatigable et parfois épuisant pour ses collaborateurs qui n’avaient pas forcément la même notion de l’heure que lui…, curieux de tout progrès, fourmillant d’idées, il poussait ses collaborateurs, souvent plus audacieux qu’eux, à appliquer les nouvelles techniques, les nouveaux traitements ; anxieux du résultat il tolérait mal l’échec ».

Il a marqué de sa personnalité plusieurs générations de médecins réanimateurs. Il n’est aucun d’entre eux qui n’ait une dette envers lui.

Il ne discourait pas sur l’éthique, il la pratiquait, transmettant par son exemple les valeurs essentielles, toujours très préoccupé par les rançons de la réanimation : les neuropathies périphériques, les infections nosocomiales, l’état végétatif chronique.

Exigeant mais juste, volontiers paternaliste, voire patriarcal, attentif aux problèmes de chacun et d’une rare humanité envers les malades, il frappait d’emblée tous ceux qui l’approchaient par son intelligence, son autorité, sa voix profonde et pondérée, son sérieux tranquille qu’il pimentait volontiers de récits pleins d’humour.

Il aimait par exemple raconter comment à l’oral du concours d’internat il avait frisé la catastrophe à propos des complications mammaires de l’allaitement.

C’est parfois sur les murs des salles de garde que l’on peut saisir les témoignages les plus authentiques de l’ambiance d’un service. Une caricature peinte sur les murs de la salle de garde de l’Hôpital Raymond Poincaré illustre bien les liens de respect, d’amitié et d’humour joyeux qu’il a su créer entre les acteurs de son service : Maurice Goulon trône en majesté avec à ses pieds Maurice Rapin assisté de François Nouailhat tandis qu’aux avant-postes Annie Barois tire la charrette !

Il organisait chaque année une sortie de service avec tout le personnel médical et paramédical, les épouses et les enfants, chacun ayant le sentiment d’appartenir à une grande famille.

Il eut cinq enfants dont deux ont suivi une carrière médicale, Renaud, chirurgien orthopédiste et Catherine neurologue, et quinze petits enfants qui lui donnèrent l’occasion d’exceller dans l’art d’être grand père.

Sa vie familiale était placée sous le double signe de l’affection pour les siens et de l’attachement à ses amis avec quelques points forts :

— Chasse en Lorraine avec son père, ses frères, des collègues et amis, les femmes et les enfants fermant la marche.

— Ski en montagne dont il était un adepte fervent et enthousiaste mais nettement dépassé par ses enfants.

— Plages bretonnes, attiré par ses amis dont Jacques Chrétien et Jean Cambier.

— Campagne bourguignonne où il aimait vivre en patriarche à Gy-l’Evêque, s’adonner à la lecture et, fidèle en cela à son maître Mollaret, faire découvrir à ses proches les mérites et les saveurs du Chablis.

— Promenades archéologiques enfin à l’initiative de Jeanne, sur le pourtour méditerranéen.

Maurice Goulon fut un grand médecin, un maître admiré, un chercheur heureux, un ami fidèle, un père de famille responsable et comblé, un homme de bien et de cœur.

À Jeanne son épouse que nous admirons et qui sut faire régner dans son foyer chaleur et convivialité, à ses enfants et à tous les siens, nous disons notre tristesse de sa disparition mais nous pouvons les assurer qu’aucun de ceux qui ont eu la chance de le connaître ne l’oubliera.

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>