Communication scientifique
Séance du 28 octobre 2003

Éléments de physiologie et de neurobiologie de la prise alimentaire

MOTS-CLÉS : faim. hypothalamus.. neuropeptides
Physiological and neurobiological aspects of feeding
KEY-WORDS : hunger. hypothalamus.. neuropeptides

I. Costentin

Résumé

Une brève revue, des mécanismes qui contrôlent la prise alimentaire, souligne l’influence de la glycémie, des triglycérides circulants et d’autres signaux adressés au système nerveux central à partir des adipocytes (leptine), du pancréas, du tractus difgestif. Les dispositifs hypothalamiques qui traitent ces informations sont décrits, faisant un inventaire partiel des neuropeptides et des neuroamines qui interviennent à cet égard.

Summary

Many methods and technics have accumulated a considerable mass of data about the mechanisms which control food intake and energetic loss. After a presentation of the most relevant signals sent by peripheral organs to the central nervous system : Glucose, triglycerides ; from adipocytes : Leptin ; from pancreas : Insulin, pancreatic polypeptide, amylin, enterostatin ; from digestive tract : Ghrelin, cholecystokinin, peptide Y Y 3-36 we consider, especially at the hypothalamic level, their interpretation by neurones whose transmitters are either neuropeptides such as : Neuropeptide Y, Agouti Related Peptide, Cocaine/Amphetamine Regulated Transcript, Melanin Concentrating Hormone, alpha Melanocyte Stimulating Hormone, orexins/hypocretins, octadecaneuropeptide, nociceptin/orphanin FQ, opioid peptides, Interleukin 1, galanin, urocortin 2, Neurotrophic ciliary factor, Glutamate, or monoamines such as : Dopamine, Norepinephrin, serotonin, GABA, histamine, acetylcholine. After this brief synopsis one should not be surprised that this so complex system which regulates feeding may be affected by various disorders ; however one may be amazed by such a scarcity of drugs to influence it ; whatever may be it predicts many new pharmacological strategies in this respect.

INTRODUCTION

Au cours du dernier siècle, l’humanité a vu se transformer les conditions de vie qui prévalaient au cours des centaines de millénaires précédents. Désormais beaucoup d’humains accèdent à de grandes quantités de nourritures, agréables à la vue, à l’odorat et au goût, alors que leurs dépenses énergétiques (lutte contre le froid, pénibilité des travaux et des déplacements…) vont se réduisant régulièrement. Or la masse grasse du corps (15-20 %), dont l’inflation caractérise l’obésité, est la résultante, au long cours, de l’importance calorique des ingestats qui l’accroit et de la dépense énergétique qui la diminue.

Les dispositifs physiologiques qui régulent ces facteurs sont nombreux et complexes.

Nous décrirons les signaux émis par la périphérie pour informer le cerveau, à court ou à long terme, sur les besoins énergétiques, sur l’état des stocks énergétiques constitués (adipocytes), ou sur les nutriments en transit dans le tube digestif. Nous évoquerons alors les structures cérébrales, les médiateurs et leurs récepteurs, qui interprètent et relaient les signaux précédents.

Les messages adressés au cerveau par les organes périphériques Les apports alimentaires sont discontinus alors que la dépense énergétique est permanente, quoique variable en intensité. Le glucose et les acides gras constituent les énergies instantanément utilisables, mais aussi des formes de stockage au travers respectivement du glycogène hépatique et musculaire et des triglycérides adipocytaires.

Le glucose

Les variations de la glycémie sont perçues au niveau central par des neurones glucosensibles. Certains d’entre eux, présents dans le n. arqué de l’hypothalamus, ont pour médiateur le neuropeptide Y ( NPY ), orexigène, et sont activés par l’hypoglycémie. A l’opposé, l’accroissement de la glycémie induit une anorexie. La destruction de ces neurones glucosensibles par l’aurothioglucose, rend l’animal, qui ne perçoit plus le signal glycémique, boulimique et obèse [1].

Le pancréas émetteur de signaux

L’hyperglycémie a également pour effet d’induire une sécrétion correctrice d’insuline par les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas. L’insuline agira au niveau du noyau (n.) arqué et du n. ventromédian de l’hypothalamus pour réduire l’appétit.

Le glucose ne constitue pas le seul stimulateur de l’insulino-sécrétion. La seule vue des aliments, leur saveur sucrée (même due à la saccharine ou à l’aspartam) activent, au niveau central, le pneumogastrique (X) ; par une libération d’acétylcholine ( ACh ) en regard de récepteurs muscariniques, il déclenchera une sécrétion d’insuline. A l’opposé, les catécholamines ( adrénaline et noradrénaline ) par la stimulation de récepteurs du type alpha2 réduisent la sécrétion d’insuline.

Outre l’insuline, le pancréas sécrète le polypeptide pancréatique (36 acides aminés (a.a.)) qui appartient à la famille du

NPY et du peptide YY 3-36 . Par une action hypothalamique il diminue la prise alimentaire et accroît la dépense énergétique, en diminuant la libération de peptides orexigènes ( NPY, orexines ) et en accroissant la libération d’ urocortine (40 a.a.) qui est elle anorexigène [2].

Le pancréas est à l’origine de l’entérostatine. Ce fragment pentapeptidique N terminal de la procolipase pancréatique est libéré dans le torrent circulatoire au cours de la digestion ; il développe des effets anorexigènes, spécialement vis à vis des aliments gras. Au niveau de l’hypothalamus, dans l’aire hypothalamique latérale (A.H.L.), l’entérostatine accroît la libération de dopamine ( DA ) et de sérotonine ( 5HT ) [3].

Le pancréas, par ses cellules bêta, produit encore l’amyline (37 a.a.) qui, au niveau du n. arqué et de l’A.H.L., suscite un effet anorexigène en relation avec une baisse de l’activité des neurones à orexines et à Melanine Concentrating Hormone ( MCH ) [4].

Le tractus digestif émetteur de signaux

L’estomac, lors de sa distension met en jeu des fibres centripètes du X, et ce faisant active le noyau du faisceau solitaire (dans le bulbe), ce qui inhibe la prise alimentaire.

A l’opposé, pendant le jeûne, Il sécrète la ghréline , peptide acylé (28 a.a.), qui exerce des effets orexigènes. Quoiqu’elle stimule le récepteur suscitant la sécrétion de l’hormone de croissance ( GH ), son action anorexigène est indépendante de cet effet.

La ghréline est également produite par des neurones hypothalamiques. Elle active les neurones à NPY (orexigène) et inhibe les neurones à Melano Stimulating

Hormone (α -MSH ) (anorexigène) [5].

L’intestin, au passage d’aliments gras, sécrète un octapeptide sulfaté, la cholécystokinine ( CCK8 ). Elle stimule les axones sensoriels du X, de concert avec la distension gastrique, pour inhiber la prise alimentaire. De plus, la

CCK8 stimule la sécrétion d’insuline, aux effets centraux anorexigènes. On trouve aussi des neurones à

CCK dans le cerveau. La CCK agit sur deux types de récepteurs, les uns de type A (1R) prédominent dans l’appareil digestif, les autres du type B (2R) prédominent dans le cerveau [6].

L’intestin grêle, ainsi que le côlon, sécrètent le peptide YY 3-36 , (36 a.a.), d’une façon proportionnelle à la quantité de calories ingérées. Le taux circulant de ce peptide demeure élevé pendant plusieurs heures au delà du repas, créant, par une action sur le n. arqué, une sensation durable de satiété [7].

Les adipocytes émetteurs de signaux

Les triglycérides circulants accroissent dans l’hypothalamus perifornical l’expression de deux peptides orexigènes, l’ orexine et la galanine [8].

Les adipocytes et la leptine

La mise en circulation croisée d’une souris génétiquement obèse avec une souris normale a réduit l’obésité de cette première, comme si la souris normale avait fourni à la souris obèse l’hormone qui lui manquait et dont l’absence suscitait son obésité.

Cette hormone a été identifiée à une protéine (167 a.a.), appelée leptine , car elle maintient la minceur des individus. Les souris peuvent être obèses en raison d’une mutation du gène codant cette leptine, ou du gène codant son récepteur, ou de perturbations de l’accès au cerveau de la leptine [9].

L’estomac, lors des repas et en réponse à la CCK , sécrète aussi de la leptine [10].

Divers peptides hypophysaires affectent la prise alimentaire ; ainsi la vasopressine qui la diminue ou au contraire la GH , la prolactine , ou la forme désacétylée de la

MSH qui l’accroissent.

Ces signaux, franchissant la barrière hémato-encéphalique, accédent à divers noyaux hypothalamiques qui vont les interpréter et modifier l’appétit et/ou la dépense énergétique (Figure 1).

Réception et interprétation centrales des messages périphériques

L’hypothalamus est le lieu principal du contrôle de la prise alimentaire ; il fait intervenir diverses populations neuronales dans le n. arqué, le n. ventro-médian, le n. paraventriculaire, l’A.H.L. (Figure.1). D’autres structures interviennent tels le n.

du tractus solitaire, le n. accumbens (en relation avec l’hypothalamus latéral), ou encore le globus pallidus….

Nous allons illustrer ces mécanismes en mettant en scène et en relation divers neuropeptides impliqués dans les réponses à la leptine.

Mécanismes de l’effet anorexigène de la leptine

La leptine est d’autant plus sécrétée que le tissu adipeux est développé.

Dans le noyau arqué, elle stimule des neurones qui produisent de l’αMSH (à partir de la ProOpioMélanoCortine = POMC ) et du Cocaïne/Amphetamine Regulated

Transcript (

CART ). un ARNm générant le peptide CART . Les neurones

POMC/ α MSH-CART projettent sur l’A.H.L., où ils déclenchent une inhibition de la prise alimentaire [11].

La leptine agit aussi sur le n. paraventriculaire, d’où elle stimule dans l’antéhypophyse la sécrétion de

TSH (et donc d’hormones thyroïdiennes), d’ ACTH (et donc de glycocorticoides et d’androgènes surrénaliens) ainsi que le système sympathique, autant de facteurs qui intensifieront le métabolisme cellulaire.

Quand, par contre, le tissu adipeux se réduit, la sécrétion de leptine diminue, cette baisse est détectée dans le n. arqué, par des neurones exprimant le

NPY et l’ Agouti

FIG. 1. — Signaux périphériques et éléments de leurs traitements par l’hypothalamus.

Related Proteine ( AgRP ) qui projettent sur le n. paraventriculaire, où ils inhibent les neurones contrôlant la sécrétion hypophysaire de

TSH et d’ACTH . Ces neurones projettent aussi sur l’A.H.L., activant des neurones dont les médiateurs accroissent l’appétit : l’orexine/hypocrétine et la MCH. Les souris privées génétiquement du précurseur de la

MCH sont maigres, hypophagiques, leur dépense énergé- tique est accrue ; à l’opposé, celles qui le surexpriment sont hyperphagiques et obèses.

L’AgRP interagit de façon remarquable avec l’α -MSH . Ces peptides, issus de neurones différents, agissent sur un même récepteur : le récepteur MC4. Pour celui-ci l’α -MSH est un agoniste, tandis que l’ AgRP est un antagoniste [12]. Dans l’A.H.L., la stimulation du récepteur MC4 (par l’ α -MSH) aboutit à une anorexie, tandis que son blocage (par l’AgRP ) suscite un effet orexigène. La leptine, rappelons le, au niveau du n. arqué, active les neurones à

POMC/MSH-CART , tandis qu’elle inhibe les neurones à

AgRP . Cela conduit donc à une stimulation des récepteurs

MC4 dans l’A.H.L. et partant à une anorexie.

Ces peptides et d’autres qui interviennent au niveau central dans la régulation de la faim sont rassemblés dans le tableau I.

Les monoamines et la régulation de la faim

Ces neuropeptides sont colocalisés avec des neuromédiateurs, en particulier des neuroamines qui, avec eux, interviennent dans la régulation de la prise alimentaire.

L’Acide Gamma Amino Butyrique ( GABA ) stimule deux types de récepteurs, les

GABA-A (ionotropiques) et les GABA-B (métabotropiques) avec deux sous types 1 et 2. Les récepteurs GABA-B1 sont associés : aux neurones à POMC/ α -MSH-

CART dans le n. arqué ; aux neurones à orexine et à MCH dans l’A.H.L. ; aux neurones histaminergiques dans le n. tubéromamillaire [30].

L’acide glutamique , voit sa libération s’accroître dans le globus pallidus au cours de la prise alimentaire. La stimulation de ses récepteurs du type

N —méthyl D.Aspartate (NMDA) parait jouer un rôle dans la satiété. Cependant, son injection dans l’hypothalamus latéral augmente la prise alimentaire, là où son produit de décarboxylation, le GABA , l’inhibe [31].

L’ histamine ( HA ) cérébrale, n’émane que de quelques milliers de neurones prenant naissance dans le noyau tubéro-mamillaire. Un ensemble très cohérent de données établit que l’HA, en stimulant des récepteurs du type H1, présents dans le n.

paraventriculaire et l’hypothalamus ventro-médian [32] est anorexigène.

La sérotonine ( 5HT ) est présente dans l’hypothalamus médian et le n. paraventriculaire, siège des terminaisons de neurones ayant pris naissance dans les noyaux du raphé. En stimulant des récepteurs des types 5HT1 et 5HT2, la sérotonine induit une anorexie.

Des agents libérateurs de 5HT (fenfluramine) ou inhibiteurs de sa recapture (la sibutramine ou des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine), ou des agonistes directs des récepteurs 5HT2c ( m- chlorophénylpipérazine) sont anorexigènes. A l’opposé des agonistes des autorécepteurs 5HT1a , qui inhibent la libération de 5HT (8-OH.DPAT, buspirone), sont orexigènes.

Dans le n. paraventriculaire, la stimulation de récepteurs 5HT2a, s’oppose aux effets orexigènes du NPY [33]. Dans le n. arqué, la stimulation de récepteurs 5HT2c, associés à des neurones à

POMC/MSH-CART , induit une anorexie, supprimée par le blocage des récepteurs Mélanocortine des types 3 et 4.

Des récepteurs 5HT1a, post synaptiques, sont présents dans l’A.H.L., sur des neurones à MCH et à orexine ; dans le n. arqué ils sont associés à des neurones à

POMC/MSH-CART et à des neurones à NPY-AgRP .

La dopamine affecte la prise alimentaire de façon très différente selon qu’on considère son rôle au niveau hypothalamique, où elle est essentiellement anorexigène, via la stimulation de récepteurs D1 et D2 [35] ou au niveau du noyau accumbens, où elle stimule l’appétit selon des modalités en relation avec le sentiment de plaisir que suscite la prise alimentaire. La dopamine s’apparente à divers égards à ‘‘ l’amine du plaisir ’’ [36]. L’hédonisme constitutif de la personnalité humaine incite, à des degrés divers, les individus à mettre leurs comportements au service d’un plaisir plus fréquent, plus intense, plus durable. Ainsi la prise alimentaire, au delà du ‘‘ manger pour vivre ’’, peut être utilisée pour susciter et entretenir le plaisir, installant alors ‘‘ le vivre pour manger ’’ CONCLUSION

Ce survol des nombreux acteurs impliqués dans la régulation de la prise alimentaire fait entrevoir une multitude de mécanismes de dysfonctionnement, soit par excès, soit par défaut, ou encore sur un mode qualitatif, par l’aversion ou l’attrait sélectif pour une catégorie de nutriments. On n’est donc pas surpris qu’une fonction aussi complexe puisse se dérégler. Par contre, on peut s’étonner que les thérapeutiques permettant de manipuler cette fonction ne soient pas plus nombreuses. Elles se sont même appauvries dans un passé récent, avec la disparition des amphétaminiques et de la fenfluramine. Toutes les cibles biologiques distinguées par les recherches effectuées au cours de la dernière décennie laissent présager un renouveau et même une abondance de possibilités d’actions pharmacologiques, à la mesure de l’acuité de ces problèmes de société que sont l’obésité et l’anorexie mentale.

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DISCUSSION

M. René MORNEX

Comment avec une circuiterie neuro hormonale si complexe dans l’hypothalamus une destruction très localisée peut-elle entraîner une obésité, ce qui a conduit à parler de centre de la satiété ?

Dans cette partie de bras de fer que jouent les peptides et neuroamines, orexigènes pour les uns, anorexigènes pour les autres, une destruction devrait aboutir à un effet diamé- tralement opposé à la tendance qui physiologiquement dominait. L’hyperphagie constatée après ce type de lésion inciterait alors à considérer que la région lésée contribuait
majoritairement à une pression anorexigène. Si le noyau arqué, le noyau para ventriculaire,l’aire hypothalamique latérale et le noyau ventro médian de l’hypothalamus sont des centres majeurs de la régulation de la faim, il existe néanmoins, à leur côté, d’autres structures impliquées dans cette régulation, telles le noyau accumbens. Ainsi donc, outre des médiateurs multiples, le système de régulation de la faim implique de nombreuses structures.

M. Roger BOULU

Quelles sont les principales cibles qui retiennent actuellement l’attention des chercheurs ?

Les espoirs qui étaient fondés sur des agents mimant l’α MSH seraient tempérés à tout le moins par des risques de mélanome. Interagissant sur le mode antagoniste avec les récepteurs CB des cannabinoïdes, SANOFI-SYNTHELABO a développé une molé- 1 cule, le rimonaban, qui devrait exercer des effets opposés aux effets orexigènes attribués au Tétrahydrocannabinol et donc être anorexigène. Le Ciliary Neurotrophic Factor ou CTNF a inspiré le développement d’une molécule CTNF— mimétique l’axoquine. Dans notre unité nous étudions des molécules antagonistes des récepteurs ORL de la noci1 ceptine ; des molécules qui mimeraient les effets de l’octadécaneuropeptide (ODN) et de son fragment octapeptidique (OP) auxquels nous avons découvert de très puissants effets anorexigènes. Nous étudions également les effets orexigènes d’un peptide que nous venons de découvrir que nous avons appelé 26RF amide.

M. Pierre GODEAU

Comment interviennent les antidépresseurs dans le contrôle pondéral et quelles sont leurs incidences sur les circuits neurobiologiques ?

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (IRSS) exercent globalement des effets anorexigènes en intensifiant de façon indirecte la stimulation de récepteurs sérotonergiques des types 5HT1 et/ou 5HT2 et/ou 5HT3. Pourtant leur ancêtre commun la clomipramine ferait plutôt prendre du poids. Cette différence pourrait être due à l’activité anti cholinergique muscarinique qui lui est attachée, simplement par l’inhibition du péristaltisme intestinal, elle accroîtrait le temps de séjour du bol alimentaire dans l’intestin et partant la résorption des nutriments, ce à quoi s’ajouteraient des effets centraux.

M. Jacques BATTIN

Comment expliquer le déficit hypogonadotrope dans les déficits en leptine ?

J’ai eu l’occasion d’évoquer les effets qu’exercent la leptine, via le noyau para ventriculaire sur l’enchaînement CRF — ACTH — Glycocorticoïdes, ou sur le continuum TRH —TSH — Hormones thyroïdiennes. J’imagine comme plausible, sans savoir même si cela a été exploré, que l’axe GnRH — FSH/LH — testostérone puisse être affecté.


* Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine. Unité de Neuropsychopharmacologie, U.M.R. 6036 CNRS, Faculté de Médecine & Pharmacie, 22 Bd Gambetta — 76183 Rouen Cedex 1. Tirés-à-part : Professeur Jean COSTENTIN, à l’adresse ci-dessus. Article reçu et accepté le 13 octobre 2003.

Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, no 7, 1367-1377, séance du 28 octobre 2003