Publié le 6 mai 2020

Communiqué de l’Académie nationale de Médecine : Covid-19 : n’oublions pas l’Afrique !

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Covid-19 : n’oublions pas l’Afrique !

Communiqué de l’Académie nationale de Médecine

6 mai 2020

La Cellule de veille « Covid-19″ de l’Académie de médecine a créé un « Groupe Afrique » qui, avec le concours de confrères africains engagés en première ligne dans la lutte contre la pandémie, fait le constat suivant :

– l’Afrique n’est plus épargnée par l’extension de la pandémie : le cap des 40.000 malades et des 1500 morts a été franchi ;

– même si l’épidémie semble progresser lentement sur le continent africain, les conditions et facteurs de risque d’une propagation rapide sont réunis : surpopulation dans les grandes villes, pauvreté, précarité et promiscuité, insalubrité, manque d’eau et de savon, fragilité des systèmes de santé, instabilités socio-politiques, conflits armés sont autant de facteurs de risque de flambées épidémiques massives, en dépit des deux facteurs favorables que sont le climat tropical et la moyenne d’âge jeune de la population.

– la rareté des laboratoires de sécurité LSB2 et la faible disponibilité des tests RT-PCR rend difficile la recherche de milliers de contacts ;

– la fréquence des maladies transmissibles (sida, tuberculose, paludisme, hépatites virales, choléra, maladie à virus Ebola…) et la progression des maladies chroniques (diabète, HTA, cancers, addictions…) multiplient les facteurs de risque qui exposent les populations aux formes sévères du Covid-19.

En accord avec ses partenaires africains, L’Académie nationale de médecine recommande :

–  de sensibiliser l’opinion publique internationale à la situation d’impréparation du continent africain face à la progression de l’épidémie de Covid-19 ;

– d’assurer aux professionnels de santé et aux agents sociaux les moyens de protection dont ils ont besoin pour éviter la transmission nosocomiale du virus ;

– de sauvegarder la continuité des soins curatifs et des soins préventifs (vaccination et planning familial), notamment au bénéfice des groupes les plus vulnérables (personnes âgées, femmes enceintes et allaitantes, enfants de moins de 5 ans) ;

– de renforcer les contrôles pour lutter contre les faux médicaments dont le trafic mafieux ne cesse de croître ;

– de faciliter la réalisation de tests de détection du SARS-CoV-2 par RT-PCR en mettant à profit les automates utilisant le système GeneXpert déployés dans de nombreux pays africains pour le diagnostic de la tuberculose ;

– de promouvoir l’acquisition d’oxygène médical, indispensable pour la prise en charge des cas hospitalisés, et de favoriser l’établissement d’une réserve internationale de respirateurs pour l’Afrique ;

– de ne mettre en œuvre des essais thérapeutiques et vaccinaux en Afrique qu’après avoir obtenu l’accord formel des ministères de la santé et la validation par un comité d’éthique ;

– de faciliter la collaboration entre les équipes scientifiques du Sud et du Nord ;

– de prendre en compte les données sociologiques et d’obtenir le consentement des collectivités afin qu’elles adoptent les décisions opportunes dans la lutte contre le Covid-19, dans le respect des droits de l’Homme.

CONTACT PRESSE :
Virginie Gustin : +33 (0)6 62 52 43 42 | virginie.gustin@academie-medecine.fr