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COVID-19 et psychiatrie infanto-juvénile
Communiqué de l’Académie nationale de médecine
15 Avril 2020
L’épidémie de COVID-19 prend un visage particulier chez l’enfant et l’adolescent avec de faibles indices de morbi-mortalité dans cette tranche d’âge et une possibilité de transmission occulte de l’infection dans la population.
Depuis le début de l’épidémie, les soins pédopsychiatriques ont connu une réduction massive des hospitalisations à temps plein ou à temps partiel et avec un large recours aux téléconsultations. L’objectif était de rendre disponible des lits d’hospitalisation pour les patients atteints par le coronavirus.
Cette modification des pratiques de soin a parfois conduit à des décompensations psychiques imposant un retour à des formes classiques de prise en charge. Dans le même temps, des patients ont trouvé un nouvel équilibre à l’aide d’un suivi ambulatoire à distance qui apparaît de plus en plus précaire au fur et à mesure que le confinement se prolonge.
En population générale, le confinement coupe les enfants et les adolescents de leur réseau de relations habituelles. Il peut susciter par ailleurs des tensions au sein de la cellule familiale : peur de la maladie, promiscuité inhabituelle, crainte d’une situation économique dégradée, nécessité de devoir prendre en charge la scolarité des enfants à la maison tout en poursuivant une activité en télétravail. Ces tensions peuvent conduire à des violences intrafamiliales dont les enfants sont souvent les premières victimes et qui seront un facteur de risque majeur de troubles psychiatriques ultérieurs.
Dans ce contexte, l’Académie nationale de médecine recommande :
1. Pour les enfants et adolescents actuellement en structure sanitaire ou médicosociale :
– de maintenir autant que possible l’effort de soins en télémédecine ;
– en parallèle, de maintenir une offre de soins « non électronique », au sein même des structures, pour les patients présentant les troubles les plus sévères et ceux à haut risque de décompensation aiguë ;
– d’identifier les situations de crise potentielles (habitat précaire, isolement parental, addictions, antécédents de violence intrafamiliale, etc.) et de proposer sans délai les actions que ces situations nécessitent ;
– de délivrer les attestations de déplacement dérogatoire pour raisons médicales dans le but d’autoriser des sorties éventuellement prolongées aux familles qui le nécessitent.
2. Pour les enfants et adolescents en population générale :
– de faire un large usage de la plaquette « Conseils aux parents en situation de confinement » [1] : 1/ Expliquer et informer, 2/ Sécuriser, 3/ Valoriser l’importance du collectif, 4/ Rythmer la vie quotidienne, 5/ Gérer les écrans ;
– pour les adolescents, de surveiller un éventuel recours à des substances psychoactives (alcool, tabac et autres) ;
– de stimuler les initiatives de résilience collective, par exemple en organisant des groupes virtuels de parents d’enfants issus d’une même classe ou d’un même lotissement ;
– d’étendre le dispositif gouvernemental « Covid-19 – Violences conjugales et familiales » aux violences faites aux enfants.
Enfin, il faut d’ores et déjà préparer une offre de soin psychologique et pédopsychiatrique en période de post-confinement. Si la majorité de nos enfants et de nos adolescents ont des capacités de résilience importantes, certains vont cependant présenter des troubles de sévérité variable à l’issue de la période de confinement. Il sera alors important de dépister les situations pour lesquelles une prise en charge pédopsychiatrique sera nécessaire et celles où une information parentale sera suffisante.
[1] Collège National des Universitaires de Psychiatrie et Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et Disciplines Associées. Conseils aux parents en situation de confinement. http://sfpeada.fr/covid19-conseils-et-propositions-en-periode-de-confinement/
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