Communiqué
Séance du 12 juin 2007

Communiqué

MOTS-CLÉS : mise en œuvre plan sanitaire.. produits dangereux. terrorisme biologique. terrorisme chimique
La réponse sanitaire au défi du terrorisme hors conflit armé

Pierre Vayre, Jean-Etienne Touze (au nom d’un groupe de travail)

Pierre VAYRE *, Jean-Étienne TOUZE**

Considérant exclusivement son domaine de compétence, l’Académie nationale de médecine estime que le programme de grande ampleur engagé au cours des cinq dernières années sous l’égide du Secrétariat Général de Défense Nationale (SGDN) doit être poursuivi avec les financements requis par l’importance des enjeux et les propositions suivantes :

La réponse sanitaire au terrorisme doit être réaliste, volontairement préméditée, raisonnablement intégrée dans l’ensemble des plans de secours. Elle s’appuie sur :

— une doctrine d’emploi simple, compatible avec les règles européennes et de l’OTAN, — une défense civile capable de détecter précocement la menace et de protéger les populations.

La prise en charge de victimes sur le site de l’évènement implique un personnel entraîné et protégé (SAMU, Sapeurs-pompiers, Unités de sécurité civile) et des « postes médicaux avancés » (PMA) pour soins primaires de survie. La dotation hospitalière en chantiers mobiles de décontamination doit être poursuivie. Le traitement des blessés radio contaminés doit être effectué au sein de services hospitaliers répertoriés disposant d’équipes multidisciplinaires et d’un plateau technique adapté.

Il est essentiel de développer :

— une surveillance épidémiologique en temps réel pour augmenter la réactivité de la réponse, *

Membre de l’Académie nationale de médecine **

Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine
— une centralisation effective des décisions opérationnelles regroupant les diverses instances sous l’autorité d’une seule structure, — le « corps de réserve sanitaire » (Loi du 5 mars 2007 no 2007-294) avec statut défini et attribution des effectifs aux structures opérationnelles déjà existantes des professionnels des urgences (SAMU, Sapeurs-pompiers, Protection civile).

La réponse sanitaire au terrorisme pourrait être optimisée par :

— une formation entretenue des personnels de santé (médecins, infirmiers, secouristes) notamment pour la sémiologie syndromique initiale ;

— les moyens médicaux complétés par l’acquisition de sérums antibotuliniques de première génération dirigés contre les valences les plus virulentes (A,B,E). Les équipes de premier secours devraient se doter des moyens du Service de santé des armées pour la prise en charge des intoxications par les organophosphorés (seringue à deux compartiments, atropine à forte formulation) ;

— la recherche partagée et regroupée, notamment dans le domaine des maladies infectieuses en utilisant le potentiel des laboratoires vétérinaires départementaux et des laboratoires du ministère de l’agriculture pour faire face aux zoonoses et aux futurs agents émergents.

— le développement des chélateurs enzymatiques (butylcholinestérase, paraoxonase) pour le traitement des intoxications aux organophosphorés.

Pour limiter les conséquences sociétales d’une attaque terroriste, il convient de préparer les populations par :

— des programmes d’éducation civique développant la notion de défense sanitaire et impliquant une participation citoyenne ;

— des exercices périodiques de simulation suivis de validation, en particulier en dehors des périodes de crise ;

— une implication officielle des medias dans la transmission de l’information dont le rôle doit être pédagogique et éducatif afin de transformer la logique de guerre en idéologie de combat moral de société.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 12 juin 2007, a adopté le texte de ce communiqué à l’unanimité.

 

*** Constitué de : A. AURENGO, Y. BUISSON, M. CARA, F. DENIS, A. LARCAN, Ch. LAVERDANT, A. MARCELLI, J. MINÉ, P. PÈNE, J.E. TOUZE (secrétaire), P. VAYRE (président).

Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 6, 1035-1036, séance du 12 juin 2007