Octobre 2019

2019Mardi1Octobre14 h 30- 17 h 00Séance dédiée : « L’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV) »14 h 30 - 17 h 00

Date

(Mardi) 14 h 30 - 17 h 00

Détails de l'évènement

Conférence

 

La science ouverte par Pierre CORVOL (Membre de l’Académie nationale de médecine)

 

 

 

 

Séance dédiée :

« L’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV) »

Organisateurs : Yves VILLE et Jacques MILLIEZ

 

Introduction par Jacques MILLIEZ

 

Communications

 

Épidémiologie et diagnostic virologique de l’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV) par Marianne LERUEZ-VILLE (Hôpital Necker Enfants-Malade, APHP, Laboratoire de Virologie, Centre National de Référence des herpès virus – Laboratoire associé infection congénitale à cytomégalovirus. Paris, France)

Avec une prévalence comprise entre 0,3 et 1 %, l’infection à cytomégalovirus (CMV) est la cause la plus fréquente d’infection congénitale. Des séquelles neurologiques et auditives de gravité variables surviennent chez environ 17 à 19 % de tous les nouveau-nés infectés. L’infection congénitale peut compliquer une infection maternelle primaire ou non primaire, avec une morbidité identique. Les séquelles ne sont présentes qu’en cas d’infection maternelle du 1er trimestre, avec  un risque de 51 à 57 % chez les nouveau-nés infectés après une primo-infection maternelle du 1er trimestre dont 32 % de séquelles neurologiques. La primo-infection peut être diagnostiquée avec une bonne sensibilité (78 à 98 % en fonction des techniques) par une sérologie (IgG, IgM et avidité des IgG si les IgM sont positives) à 11-14 semaines d’aménorrhée. Aucun outil n’est validé pour le diagnostic des infections non primaires. L’infection fœtale est diagnostiquée avec une sensibilité > 90 % par PCR CMV dans le liquide amniotique prélevé 8 semaines après la date présumée de l’infection maternelle. Les quelques faux négatifs du diagnostic prénatal ont un très bon pronostic à long terme. À la naissance, le diagnostic est fait par PCR sur échantillon salivaire ou urinaire prélevé dans les 3 premières semaines. Des faux positifs avec charges virales très faibles sont possibles dans la salive, une confirmation dans un second prélèvement est recommandée. Le diagnostic rétrospectif par PCR CMV sur sang séché du carton de Guthrie permet de diagnostiquer la quasi-totalité des infections avec séquelles si la sensibilité analytique de la technique utilisée est bonne.

Le diagnostic et la prise en charge de l’infection fœtale à CMV par Yves VILLE (Service d’obstétrique, d’imagerie et de médecine fœtale, Hôpital Necker Enfants-Malades)

L’infection congénitale à CMV est la cause la plus fréquente des handicaps neurosensoriels non génétiques de l’enfant. La majorité des formes sévèrement symptomatiques à la naissance sont issues de primo-infections maternelles contractées avant la fin du premier trimestre de la grossesse. Le diagnostic de l’infection fœtale est réalisable par amplification du génome viral dans le liquide amniotique prélevé par amniocentèse. Il existe 2 types d’indications. Une amniocentèse réalisée 8 semaines après l’infection maternelle documentée dans le cadre d’un dépistage sérologique de début de grossesse. Un prélèvement indiqué lors de la découverte de signes échographiques évocateurs lors des échographies habituelles de la grossesse au 2e ou au 3e trimestre. L’évaluation du pronostic d’un fœtus infecté repose sur une évaluation séquentielle de l’imagerie en particulier cérébrale à l’échographie et à l’IRM, ainsi que sur l’analyse du sang du cordon au 2e trimestre. Une évaluation normale au 2e trimestre pourra s’aggraver pour causer une symptomatologie grave ou modérée à la naissance dans 5 % et 25 % des cas respectivement. La présence de signes échographiques extra-cérébraux d’infection double ces risques et les atteintes cérébrales sévères vues avant la naissance peuvent justifier d’une interruption de grossesse si elle est demandée. Une évaluation prénatale entièrement normale au 2e et au 3e trimestre s’accompagne d’un risque limité à une hypoacousie légère et le plus souvent unilatérale dans 15 % des cas. Aucune séquelle neurosensorielle n’est associée à une infection maternelle après le 1er trimestre. Les infections du premier trimestre prouvées peuvent bénéficier d’un traitement antiviral par valaciclovir pendant toute la grossesse pour contrôler la réplication virale et prévenir en partie l’apparition d’une atteinte sévère.

 

 

Devenir et prise en charge du nouveau-né infecté par le Cytomégalovirus par Jean-François MAGNY (Service de pédiatrie et de réanimation néonatales, CHU Necker – Enfants malades, APHP)

L’infection congénitale à cytomégalovirus (CMV) est diagnostiquée soit en anténatal sur des signes d’appel échographiques ou sur la notion d’une primo infection maternelle, soit devant une symptomatologie néonatale évocatrice. Les facteurs prédictifs de séquelles neurosensorielles sont l’âge gestationnel de la contamination fœtale, la présence de signes cliniques néonatals et les données de l’imagerie cérébrale ante et néonatale. Les séquelles neurosensorielles concernent 60 % des nouveau-nés symptomatiques et 15 % des asymptomatiques. Il s’agit, par ordre de fréquence, de déficit auditif, troubles vestibulaires, infirmité motrice, déficit visuel, déficit cognitif, troubles du comportement. La possibilité d’apparition secondaire d’un déficit auditif justifie la surveillance systématique des nouveau-nés infectés jusqu’à l’âge de 4 à 6 ans. Beaucoup d’inconnus persistent sur les indications et le bénéfice attendu du traitement antiviral par (val)ganciclovir.

 

 

Atteintes neurosensorielles de l’Infection Congénitale à Cytomégalovirus par Natacha TEISSIER (ORL et chirurgie cervicofaciale pédiatrique, Hôpital Robert Debré, APHP)

L’infection congénitale par le cytomégalovirus (CMV) est la première cause de retard moteur et de surdité neurosensorielle après les causes génétiques.  Les études autopsiques pédiatriques et foetopathologiques récentes ont permis de progresser dans la compréhension des phénomènes physiopathologiques aboutissant aux différentes séquelles neurosensorielles. Connaissant la diversité des formes de présentation de l’infection en période néonatale et l’apparition secondaire de séquelles neurosensorielles, il est encore difficile d’identifier clairement les facteurs pronostiques de surdité. Parallèlement, l’atteinte vestibulaire doit être recherchée car elle est tout aussi fréquente et elle peut participer à des retards posturo-moteurs que l’on peut attribuer à tort à une atteinte centrale.

Des protocoles thérapeutiques reposant sur l’administration de molécules antivirales sont proposés aux enfants symptomatiques à la naissance mais la prescription aux enfants asymptomatiques n’a pas encore prouvé sa pertinence. Ce traitement a démontré son efficacité dans le ralentissement de la dégradation de l’audition chez les enfants symptomatiques ; il semble permettre, dans certains cas, une récupération partielle du seuil auditif mais plus souvent une stabilisation de l’audition chez les nourrissons présentant une infection symptomatique par le CMV. Cependant, les modalités optimales de durée de traitement et d’administration ne sont pas encore définies.

 

Conclusion par Yves VILLE

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