Communiqué
Séance du 17 janvier 2012

À propos des sorties précoces de maternité

MOTS-CLÉS : accouchement naturel. ictère nucléaire. infirmières sages-femmes. nouveauné. prise en charge postnatale. sortie du patient
Early discharge from maternity
KEY-WORDS : infant, newborn. kernicterus. natural childbirth. nurse midwives. patient discharge. postnatal care

Roger Henrion *, Paul Vert *.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt en relation avec le contenu de cet article

Roger HENRION *, Paul VERT *.

Les médias ont, récemment, fait écho à une expérience d’incitation à une sortie précoce de maternité menée dans plusieurs départements par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) avec le concours de sages femmes libérales. Ce programme d’accompagnement du retour à domicile dénommé PRADO devrait être progressivement étendu à toute la France.

Or, dans les premiers jours qui suivent une naissance, tant le nouveau-né que sa mère, traversent une période d’adaptation physiologique complexe non exempte de risques, nécessitant une surveillance médicale particulièrement vigilante.

C’est pourquoi, l’Académie nationale de médecine, sans méconnaître aucunement l’intérêt des sorties précoces de maternité, tient à rappeler les recommandations qu’elle a faites à ce sujet depuis 2005 et lors d’une conférence de presse le 30 novembre 2010.

— Pour le nouveau-né normal à terme, un retour à domicile systématique avant trois jours révolus n’est pas souhaitable.

— La prescription de sortie de maternité doit conserver un caractère médical tant pour la mère que pour l’enfant. Elle doit être décidée au cas par cas, en l’absence de toute contre-indication médicale ou sociale, chez une femme volontaire et dûment informée, sans impératif d’ordre administratif.

— Le suivi médical, psychologique et social de la femme et de son nouveau-né nécessite une parfaite connexion entre les maternités et les sages femmes libérales devant suivre la femme et son nouveau-né afin d’assurer la continuité des soins. Les sages femmes doivent être préalablement informées du dossier ou connaître la femme.

— L’organisation d’un système de suivi dans la première semaine doit offrir une qualité de soin et une garantie de sécurité équivalentes ou les plus proches possibles de celles proposées en maternité. A ce propos, deux visites à domicile semblent être un strict minimum. Trois visites seraient souhaitables comme l’est l’examen médical du nouveau-né avant le quinzième jour.

— La sage femme doit être disponible à tout moment pour prévenir ou traiter une complication et décider d’une nouvelle hospitalisation.

D’autre part, l’Académie :

— rappelle qu’elle a insisté sur l’intérêt de l’allaitement maternel qui nécessite un accompagnement attentif ;

— souhaite qu’une concertation s’établisse avec tous les personnels de santé impliqués dans la naissance ;

— estime qu’une évaluation de la pertinence de ce nouveau système de suivi à domicile étendu à toute la France doit être mise en œuvre, tenant compte d’une part des nouvelles hospitalisations, d’autre part d’éventuels retards apportés à des soins urgents en cas d’ictère (risque d’ictère nucléaire), d’infection ou de décompensation d’une affection congénitale chez le nouveau-né, d’une hémorragie, d’une infection ou d’une dépression chez la mère.

Communiqué validé par le Conseil d’administration dans sa séance du 16 janvier 2012.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>